Vouloir transposer la campagne à Paris n’a pas de sens

500 rues jardin dit l’une, 1000 nouvelles rues piétonnes et végétalisées annonce l’autre, plus de bicyclettes, de déplacements doux et encore moins de voitures ajoute un autre. Quant au conseil de Paris il va se pencher sur le plan biodiversité 2025-2030. Soulignons aussi la multiplication des aménagements divers allant des « forêts urbaines » aux jardins partagés et entourages d’arbres miteux (il en reste encore beaucoup, voir photo jointe), en passant par les potagers urbains et autres jardins, les murs végétalisés et les plantations sur les toits. En résumé tout est fait pour laisser accroire que l’on peut transposer la campagne à Paris. Une hérésie totale!
Hélas pour tous ces aménageurs promoteurs de la nature, « paysans urbains », trop souvent auto proclamés, ils oublient qu’une ville est une ville. Une ville n’est pas la campagne, comme la campagne ne peut être une ville. Encore fallait-il le rappeler ! Si l’on veut vivre à la campagne, alors il faut vite y partir comme l’ont fait des Parisiens qui n’en pouvaient plus de la ville, le Covid ayant amplifié le mouvement. D’ailleurs ceux qui veulent transposer la campagne à Paris ou dans d’autres grandes villes savent-ils vraiment ce qu’est la campagne et ce qu’est la vie à la campagne ? Ont-ils essayé de comprendre pourquoi les anciens avaient « seulement » créé des îlots de verdure à travers des jardins et parcs publics, planté des arbres le long des rues et maintenus deux grands espaces que sont les Bois de Boulogne et de Vincennes ? A ce propos le terme de bois et non de forêt est allégrement employé. Or l’inventaire Forestier National définit un bois comme un espace (peuplé d’espèces pouvant dépasser une taille de 5 m de hauteur) inférieur à une surface de 50 ares soit 5 000 m2. Il faudrait donc de préférence parler des forêts de Boulogne et de Vincennes et de « bois urbains » pour Paris intra-muros. « Forêt urbaine » est en réalité un oxymore assez cocasse qu’utilise la mairie puisqu’il s’agit plutôt de réaliser des bosquets (« petits bois » dit la définition). Mais l’expression « forêt urbaine » (voir l’article de paris.fr paru à ce sujet le 1er avril 2025) est tellement plus porteuse en terme d’affichage.
Aussi vouloir transformer une ville en campagne n’est pas logique. Y augmenter les espaces verts, y planter plus d’arbres, faciliter les déplacements, inciter les habitants à davantage fleurir leurs fenêtres, entretenir les pourtours d’arbres avec uniformité comme c’est le cas le long des quais hauts de la Seine, créer des plates-bandes d’arbustes et de fleurs si l’opportunité se présente, moins minéraliser, voilà une façon de verdir une ville sans aller chercher la lune, sans employer des phrases choc qui transgressent en fait la réalité.
On sait aussi combien il est difficile de réaliser ne serait-ce que les transformations citées ci-dessus. Ainsi les façades d’immeubles végétalisées demandent un entretien conséquent et permanent qui ont conduit certains propriétaires à les abandonner. Pour les toits plantés, c’est la même chose et leur développement reste anecdotique malgré la publicité qui en est faite. En ce qui concerne les installations de ruches, des spécialistes ont alerté qu’il y en avait trop (1 500 dans Paris intramuros), les abeilles devenues trop nombreuses concurrencent désormais les autres insectes sauvages, eux aussi pollinisateurs (Le Parisien du 25 octobre 2024).
Tout est donc une question de mesure et non d’excès, de respect de l’environnement ainsi que du passé (les anciens n’étaient pas si stupides), malgré les évolutions notamment en matière de climat. Il faut toujours raison garder, ne pas en faire trop, s’interroger sur le pourquoi et les conséquences d’une décision ? Il n’y a pas de miracle, une ville est une ville, elle reste et restera une ville ! L’oublier et vouloir la transformer, d’une certaine façon contre nature, est une forme de transgression dont on doit absolument se départir. Les Parisiens ne sont pas dupes. 

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