La 9ème réunion du Conseil de la nuit s’est tenue le 13 septembre en présence de Frédéric Hocquard, adjoint de la Maire de Paris en charge du tourisme et de la vie nocturne, ainsi que le directeur adjoint du cabinet du préfet Simon Bertoux, de représentants de la Direction de l’Urbanisme  et d’une collaboratrice de Nicolas Norman adjoint en charge de la prévention, de l’aide aux victimes, de la sécurité et de la police municipale. Véronique Levieux adjointe à la Maire de Paris déléguée de Paris Centre chargée de la prévention, de la sécurité, de la police municipale, de la tranquillité publique et de la vie nocturne et plusieurs membres d’équipes municipales d’arrondissements dont la Maire du VIII assistaient aussi  à ce conseil. Un peu plus de 70 personnes étaient présentes.

Après un rappel sur le fait que nous avions vécu  et vivions encore une période compliquée, F. Hocquard  se félicite du soutien de l’Etat et de la mairie apportés durant cette période aux exploitants de bars. Il souligne combien l’été 2021 a été “festif comme il ne l’avait pas été depuis longtemps… alors que la diversité de la vie nocturne a failli disparaître… L’ extension des terrasses a remporté un plein succès auprès des Parisiens et franciliens. Les exploitants n’ont à certains endroits pas respecté le règlement (musique amplifiée, fermetures trop tardives) . S’il y a eu en 2020 une forme de tolérance sur les horaires, en 2021 ce n’est plus le cas car le besoin de régulation est plus fort sur ce point et un nouveau règlement a été établi.” Il  cite Ariel Weil, Maire de Paris Centre, qui lui aussi estime que “le compte n’y est pas. A cause de quelques- uns l’image des terrasses est ternie.” Et il ajoute ” si le règlement des étalages et des terrasses  a été établi rapidement c’était pour agir vite, sinon il n’y aurait pas de règles aujourd’hui.”
Le représentant du préfet se félicite pour sa part de la reprise de la vie nocturne et de la surveillance opérée par la police nationale des passes sanitaires et des contrôles de nuit, ajoutant “on a fait de notre mieux. Des riverains réagissent fortement surtout sur la musique amplifiée, il y a eu des tâtonnements, des initiatives (exemple du Bois de Vincennes). L’activité de verbalisation et des mesures administratives prises à l’égard des établissements  a été modérée. 

La représentante de Droit au Sommeil rappelle opportunément que tous les Parisiens ne plébiscitent pas, contrairement à ce qui vient d’être affirmé, les terrasses ajoutant qu’entre 2019 et 2021, les déclarations “dansmarue”  sur les nuisances sonores avaient  été multipliées par 3 ! François Chovet, un autre participant du 2ème arrondissement interpelle l’adjoint à la nuit. Pourquoi, [à l’exemple de la rue Montorgueil qui, rappelle t-il, présente la plus grande concentration de “bistrots”  de France voire d’Europe (source APUR)], la mairie de Paris a mobilisé autant d’espace public pour y installer des terrasses ? Pourquoi les commissions de concertation annoncées par Emmanuel Grégoire le premier adjoint de la Maire n’ont pas été mises en place au sein des toutes les mairies d’arrondissement (quelques-unes l’auraient fait) ? Pourquoi les méduses promises pour mesurer le bruit n’ont pas été déployées ? Sur ce dernier sujet F. Hocquard dit être en discussion avec son collègue adjoint aux finances, mais “les budgets sont très restreints” ? NDLR: pour trouver les fonds nécessaires nous lui suggérons de rogner l’incommensurable budget subventions! Quid aussi du permis à points? Le Maire adjoint du XVIIème  pointe les lenteurs de la police et de la DPSP pour traiter les demandes d’autorisations de terrasses. Enfin Gilles Pourbaix, pour l’association Réseau Vivre Paris, interroge la mairie sur l’attente de la livraison du diagnostic concernant les terrasses en 2020 ?
Des échanges qui suivent la mairie ne nie pas la montée des signalements de nuisances sonores sur l’application “dansmarue” en particulier. Elles seraient trés suivies par la DPSP afin de se concentrer sur les cas signalés avec le projet de dédier plus d’effectifs pour effectuer les contrôles durant les périodes où les terrasses éphémères sont autorisées, en particulier la nuit et sur les secteurs “problématiques” . Les inspecteurs de la DPSP et de la DU affirment contrôler aussi les installations. La DU disposerait à cet effet d’outils ad hoc qui faciliteraient ses contrôles et travaillerait aussi au recensement des terrasses qui ne disposent pas d’autorisation.  Pour pallier les objections sur son action, la DU insiste sur les milliers de demandes soumises qu’elle doit traiter insistant sur le fait qu’elle aurait aussi renforcé les obligations des exploitants sur le respect du voisinage en matière de bruit de la musique amplifiée qui n’a pas droit de cité sur les terrasses.
Véronique  Levieux intervient au titre de ses fonctions dans Paris Centre où certaines rues sont “de véritables linéaires de bars” et annonce que le temps de la prévention et de la concertation est terminée, il importe de passer au temps de la verbalisation (bruit, rangement des tables …). Un discours que nous avons maintes fois entendu ! Les PV dressés contre une établissement seront pris en compte lorsque celui-ci demandera le renouvellement de son autorisation.
Du côté des exploitants, plusieurs intervenants n’hésitent pas à s’offusquer d’être “dérangés“, de voir leur activité “entravée” par les récriminations sur le bruit d’habitants voisins belliqueux ! Un comble!! L’un d’eux propose la mise en place d’une médiation. Au passage, un participant n’hésite pas à déclarer que “les terrasses éphémères sont un souffle pour lequel on remercie la mairie”, insistant néanmoins sur un été médiocre au plan de l’activité (- 20 à – 30%) surtout en août. D’autres soulignent, malgré les réouvertures récentes, la situation difficile des boîtes de nuit dont le nombre en France a énormément baissé ces dernières années.
Reprenant la parole F. Hocquard soutient que bien que ne disposant pas d’études sur l’activité des 14 000  bars et restaurants parisiens, ils ont pu modifier des quartiers par leur concentration. Il faudrait pour l’éviter que la règlementation sur les licences IV soit révisée par le législateur. Il cite l’exemple du quartier Montorgueil qui dispose d’une licence IV pour 80 habitants contre une pour 800 en moyenne en France ! S’il suggère d’impulser localement les commissions de régulation (?), il crée une réaction de désapprobation de la salle en assénant que 80% du bruit à Paris est le fait des transports. Quelques données sont fournies par le préfecture. 350 établissements ont été fermés pour raison sanitaire cet été, 100 avertissements ont été délivrés et 50 fermetures administratives prononcées. Le directeur adjoint du cabinet du préfet ne cache pas que “les commissariats savent où ça coince“. Il se veut rassurant en ajoutant ” « On sait agir sur les situations les plus problématiques ». Son analyse est que les 20ème,  18ème et 19ème arrondissements sont ceux où il y a  le plus de problèmes et pourtant la densité d’établissements y  est assez faible alors là que dans le 11ème et à Paris Centre où ils sont plus concentrés, il y a peu de problèmes.

La 2ème partie du Conseil est consacrée au bilan des événements festifs en plein air qui ont eu lieu ( y compris la nuit dans les bois, les stades sous le périphérique et à l’hippodrome de Vincennes, la Grande Arche etc…).   La question du bruit même à ces endroits est soulignée. Puis le sujet de la réouverture des boîtes de nuit, celui des clubs avec quelques exemples donnés et des festivals sont abordés. Certains regrettent les refus d’autorisation de nuit de la préfecture et sa lenteur dans le traitement des dossiers.
Autre problématique abordée que nous ne commenterons pas et à laquelle doivent faire face les exploitants d’établissements de nuit, “le phénomène de l’angoisse sociale dans les lieux fermés” qui risque de limiter la fréquentation lorsque les espaces extérieurs ne pourront plus être utilisés en mauvaise saison ? Notre conclusion sera plus factuelle. Nous avons assisté aux même discours, aux mêmes postures, aux mêmes logorrhées que par le passé.  Nous n’avons noté aucune avancée significative et aucune n’est à attendre. Pour la municipalité en place, seule compte la fête. Paris doit être une fête permanente. L’adjoint à la nuit satisfait du cru 2021 n’a d’ailleurs pas hésité à lancer “les terrasses éphémères c’est une bonne chose, c’est formidable, plein d’endroits où ça se passe bien, tous les voisins se rencontrent… On va monter en puissance pour trouver des espaces où faire le fête la nuit en extérieur, on va continuer cette expérience festive… des nouveaux territoires sont à développer.” Tout est dit. Malgré la persistance et la montée  des nuisances notamment sonores qui sont à la source de bien des problèmes de santé et de départs d’habitants vers des villes plus sereines. Mais ce constat ne semble pas émouvoir nos élus.