Le passage des Panoramas est l’un des tout premiers bâtis à Paris. il occupe l’emplacement de l’Hôtel de Montmorency duquel provient le porche d’entrée rue Saint-Marc. La galerie relie les 2ème au 9è arrondissements. Une seconde entrée se trouve boulevard Montmartre.
Panorama provient de la construction en 1799 boulevard Montmartre de 2 tours (17 m de diamètre et 20 m de haut) y accueillir des fresques peintes couvrant les murs appelées panoramas. Cette attraction fut amenée en France par le célèbre inventeur américain John Fulton. D’ailleurs le passage éponyme n’était à l’origine qu’une allée d’accès aux rotondes tout en reliant les deux voies citée plus haut, il permettait de mettre les passants à l’abri de la pluie et de la boue, Paris étant déjà trés sale. C’est pourquoi l’architecture choisie fut trés modeste (toiture en bois et simples lucarnes ).
Avec l’installation de l’éclairage au gaz à titre expérimental en 1816, le lieu monta en gamme et des boutiques réputées et élégantes s’installèrent. Le pâtissier Félix (célèbre pour ses babas au citron) et le chocolatier Marquis (n° 57), mais aussi d’autres commerces y attiraient la clientèle. De plus il servait de passage pour accéder au théâtre des Variétés mitoyen. Lorsque les panoramas, démodés, furent démolis (1831), cela n’affecta en rien l’activité du passage. Des « ramifications » (galeries des Variétés, Saint-Marc, Feydeau, de la Bourse et Montmartre) furent même ajoutées en 1834 lors de la prolongation de la rue Vivienne, travaux menés par l’architecte Jean-Louis Grisart (1797-1877) qui s’était fait connaitre lors de l’édification du Bazar Bonne-Nouvelle, un grand magasin aujourd’hui disparu et remplacé par un bureau de Poste. Ces extensions furent salutaires face à la concurrence d’autres galeries plus modernes, plus luxueuses et élaborées notamment la plus proche, la galerie Vivienne. Cependant cette arrivée comme celle du passage Jouffroy créé 20 ans plus tard de l’autre côté du boulevard Montmartre ne mirent pas à mal l’activité des Panoramas alors trés réputés.
De nos jours, le passage ayant été amputé en 1929 de la galerie de la Bourse, est surtout occupé par des marchands de timbres, cartes postales et autographes, des bars ainsi que des restaurants dont l’excellent « Caffè Stern » au n°47, ancien « siège » du célèbre imprimeur et graveur « Stern » (photo illustrant l’article) qui fournissait l’Elysée. Il a quitté les lieux en 2014. La vitrine, son enseigne et l’intérieur de l’ établissement sont classés depuis 1974. Les murs recouverts de cuir de Cordoue et les boiseries du XVIIe sont inchangés depuis 1834.
L’ensemble du passage et des galeries reste animé seulement aux abords du boulevard mais l’est bien moins lorsqu’on s’en éloigne et le « turn over » des commerces est trés élevé. L’hygiène du fait de l’existence de nombreux restaurants laisse à désirer, de grandes poubelles trônent à l’année à même le passage. Une rénovation d’ampleur serait nécessaire, le sol est trés abîmé et l’harmonie passée de cet ensemble populaire mais aussi plein de charme et classeux n’est plus. Les galeries appartiennent a une multitude de propriétaires disposant de plusieurs syndics et relever ce défi est une entreprise de longue haleine. Des sections de verrières son refaites quand d’autres sont en très mauvais état. Il faudrait une impulsion centrale forte exercée par la mairie qui a déjà signé des conventions avec des copropriétaires plus coopérants pour d’autres passages et apporté des aides (environ 25% des travaux). Elle pourrait fonder son action sur sa volonté affichée de favoriser les déplacements piétons. Mais dans le cas présent la gageure est d’importance !