Le Louvre expose durant 11 jours encore, soit jusqu’au 10 octobre, une sélection exceptionnel de chefs d’œuvres de la peinture portugaise de la Renaissance.
« L’âge d’or de la renaissance portugaise « , tel est le titre retenu pour ce superbe accrochage soigné et ramassé. 13 tableaux dont 2 peints recto verso ont été prêtés par le Musée national d’art ancien de Lisbonne. Fait assez exceptionnel, le Louvre ne détient dans ses collections que 3 tableaux de peintres portugais de cette période.
Ces artistes sont les premiers du Portugal pour lesquels il existe des informations. C’est le roi Jean Ier qui créa en effet pour la première fois, en 1385, la charge de premier peintre du roi. Des avantages et des privilèges sont accordés progressivement aux artistes attirant des peintres souvent étrangers ou ayant travaillé en dehors du Portugal (Italie et Flandres). Ils bénéficient souvent de charges et de titres (chevalier par exemple) qui les attachent davantage encore à la cour. Cette organisation crée une sorte d’esprit d’équipe et une émulation expliquant que les œuvres soient souvent réalisées collectivement. Certaines d’entre elles figurent dans l’exposition tel le polyptyque de « L’Adoration de Saint-Vincent » réalisé vers 1460-1470 destiné à la cathédrale de Lisbonne.
Au XVIe siècle le roi Manuel Ier qui a accédé au trône en 1485 ira plus loin et organisera le travail des artistes au travers d’une administration spécifique dotée de prérogatives importantes dans de nombreux domaines (organisation de festivités, monopole des commandes royales …) ce qui contribuera à une plus large coordination, une harmonie, une unité et un même partage de valeurs entre commanditaires et peintres. Ces derniers disposaient à titre personnel de moyens financiers très importants et étaient très riches. Aussi les charges dont ils bénéficiaient se transmettaient de père en fils, un système qui ne fut pas pérenne dans le temps néanmoins.
Parmi les grands peintres de cette période présentés dans cette exposition, citons Francisco Henriques originaire des Flandres dont l’apport à la peinture portugaise est notoire. Son retable « La dernière Cène » lui valut de recevoir du roi 650 kg de poivre en paiement qu’il vendit dans son pays natal pour attirer d’autres peintres à la cour portugaise. Frei Carlos a peint un célèbre « Bon Pasteur » restauré à l’occasion de sa venue à Paris et dont la photographie illustre cet article. Les oeuvres de Gregorio Lopez plus tardives dont « La Vierge au jardin » ouvrent quant à elles la suite de la peinture portugaise, plutôt maniériste. Citons aussi Nuno Gonçalvès et son « Saint Vincent » de grand format, un tableau qui fut retiré de la cathédrale de Lisbonne au XVIIe siècle ce qui lui évita de disparaitre dans le tremblement de terre qui ravagea la capitale portugaise au siècle suivant.
Une exposition à voir absolument.
Non au profit et à la fermeture du Luminor.