Des rues et des hôtels particuliers, des scènes de la vie quotidienne, les témoignages photographiques d’Adget

Il existe plusieurs fonds de photographies anciennes dans les institutions parisiennes, les musées notamment mais aussi à la Cité de l’architecture et du patrimoine qui possède aussi des documents sur le vieux Paris en particulier des pièces émanant d’Eugène Atget (1857-1927) qui nous permet de découvrir les rues les monuments, les hôtels particuliers dont certains ont été détruits, ainsi que les événements de la capitale à la fin du XIXe et au début du XXe siècles comme la crue de la Seine en 1910. Une exposition programmée à la fondation Cartier (79 rue des Archives 3e) durant ce mois a été reportée en raison de la pandémie.

Né en 1857 à Libourne d’un couple d’artisans parisiens, Jean-Eugène Adget est orphelin à l’âge de 5 ans et quitte ses grands parents 13 ans plus tard pour devenir garçon de cabine sur un paquebot desservant l’Amérique du Sud. En 1878, il retrouve Paris où il souhaite devenir acteur mais malade des cordes vocales il doit y renoncer, ce qui ne l’empêche pas de donner des conférences sur la théâtre.

Devenu photographe professionnel spécialisé dans les « documents pour artistes », Atget ne néglige pas de fixer sur son objectif sur les scènes de la vie quotidienne, les petits métiers et le patrimoine en cette fin de XIXe siècle où la sensibilisation est grandissante sur les richesses architecturales de Paris. Très méthodique « il photographie systématiquement et par séries, cours, escaliers, églises, hôtels particuliers, éléments décoratifs de façades, bref, tout ce qui à ses yeux présente un intérêt artistique et historique. Le photographe élargit aussi son champ d’investigation aux environs de Paris (notamment Versailles, Sceaux, Saint-Cloud). »   C’est dans ce cadre qu’a été prise en 1901 la photographie jointe (*) à cet article montrant la cour de l’Hôtel Mégret de Sérilly 106, rue de Vieille du Temple (3e) dont les décors de 2 de ses salons se trouvent à l’étranger, l’un au Victoria et Albert Museum de Londres et l’autre dans une maison privée de New port aux Etats-Unis.  

A partir de 1910, le célèbre photographe  » commence à regrouper ses séries ou sous-séries en albums, d’abord pour des raisons pratiques mais aussi avec l’espoir de les faire publier : ces projets d’édition ne verront jamais le jour. »  Environ 20 000 clichés couvrant 20 années ont été acquis par les collections publiques (BNF,  Bibliothéque historique de la ville de Paris et plusieurs musées), l’intérêt documentaire étant évident. 

Le plus étonnant est la misère dans laquelle s’est trouvée Adget qui fréquentait pourtant de nombreux artistes, ses clients (Braque, Derain, Utrillo, Vlaminck, Dunoyer de Segonzac, Foujita…). Il est vrai que durant la grande guerre, l’heure n’était plus à la photographie telle qu’il la pratiquait. Tous les hôtels particuliers du Marais et du centre de Paris plus spécifiquement, ainsi que les rues de nos quartiers (plusieurs d’entre elles n’existent plus) ont été photographiés par Adget.

Une plaque rappelle le souvenir du célèbre témoin de Paris qui habitait dans le 14e arrondissement, 17 bis rue de la Campagne Première. 

Les surréalistes ayant découvert l’œuvre de l’artiste, l’assistante de Man Ray a écrit à propos d’Adget « on se souviendra de lui comme d’un historien de l’urbanisme, d’un véritable romantique, d’un amoureux de Paris, d’un Balzac de la caméra, dont l’œuvre nous permet de tisser une vaste tapisserie de la civilisation française. »

(*) SIAF Cité de l’architecture te du patrimoine- Archives d’architecture du XXe siècle

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