Deux expositions sur la jeunesse à la Tour Jean sans Peur

La Tour Jean sans Peur propose en ce moment deux expositions intéressantes sur la jeunesse. L’une au Moyen Age et l’autre au XIXe siècle.

L’exposition « la Jeunesse au  Moyen Age » fait « découvrir toutes les étapes de la vie d’un jeune dans la société médiévale depuis ses premiers pas jusqu’à la folle jeunesse (entre 21 et 40 ans), considéré comme l’âge le plus dangereux de la vie humaine, âge dont il faut combattre l’excès de joie et de vent, fausse étymologie du mot « jovent » désignant la jeunesse !…  Certains de ces âges sont fortement marqués : 7 ans est l’âge de raison et de communion, 12 ans l’âge possible du mariage (même si celui-ci est en général à l’âge de 25 ans) et de la responsabilité juridique et 14 ans, âge de la majorité et du service militaire. Entre 16 et 20 ans, le jeune noble devient adulte par la cérémonie de l’adoubement. En cas de décès du père ou de la mère, c’est l’aîné qui les remplace. C’est également lui qui hérite de la majeure partie de leur patrimoine. » Il est précisé que l’enfant  » est rapidement nourri de bouillies constituées d’aliments prémâchés par la nourrice à base de miel, lait de chèvre, pain voire même de vin (utilisé coupé comme comme vermifuge et anti-diarrhéique). Au moment du sevrage, les biberons prennent le relais… Le baptême devient systématique à partir des XIIe et XIIIe siècles par crainte de la mort sans sacrement. Si toutefois cela arrive, l’Église prévoit à la même période le limbe des enfants, lieu particulier de l’enfer pour un repos éternel et sans souffrance….  Si au XIIIe siècle il ne convenait pas que les filles apprennent à lire, les choses évoluent aux siècles suivants… Les garçons, quant à eux, peuvent devenir oblats (offerts) par leurs parents au monastère dès 7 ans ou être confiés à l’institution le temps de leur scolarité moyennant paiement, l’éducation passant pour excellente. En effet, même si au XVe siècle, un semi d’écoles rurales s’implante en tous lieux, l’enseignement primaire pour tous les enfants reste très limité dans le temps (entre un an et un an et demi).

À la campagne ou en ville, les jeunes sont mis à contribution très tôt dès 7-8 ans pour aider leurs parents avant d’avoir, à 13-14 ans, de vraies responsabilités. 13 ans est également le moment d’entrer en apprentissage pour dix ans maximum. Les fils de marchands et d’artisans, plus favorisés, sont éduqués via des traités spécialisés. Les plus aisés ont l’occasion de voyager tels, au XVe siècle, les fils des grands marchands normands, anglais et flamands, aux intérêts économiques communs. C’est au XIIIe siècle que sont mis par écrit les traités de bonnes manières à destination des jeunes nobles. Ainsi les livres de contenance ou honneurs de la table énumèrent les gestes interdits, tant pour le jeune convive que pour le jeune page. Pour leur éducation, les petits aristocrates disposent également de manuscrits enluminés (alphabets, psautiers, livres d’heures) toutefois peu nombreux car coûteux. Pour être accomplis, ils sont formés à la chasse, à l’escrime, aux langues étrangères mais aussi aux stratégies du jeu d’échec ainsi qu’à la « science et art de danser ».

 

La seconde exposition « Gamins et poupardes. Enfances parisiennes au XIXe siècle » (l’affiche reproduite en tête de l’article représente « Le bureau des nourrices » du peintre José Frappa qui fait partie de la collection du musée de l’Assistance publique de Paris)  montre un demi millénaire plus tard que la population a augmenté  »  En 1891, la population a triplé, grossie de l’annexion de communes périphériques et des migrations de l’exode rural. Un tiers des Parisiens a moins de vingt-cinq ans, l’âge moyen pour contracter mariage et fonder une famille.« 

« Au sein du foyer, la naissance à venir est diversement accueillie…et l’enfant suscite attentes et appréhensions. Au fil du siècle… l’allaitement devient un devoir maternel, le marché nourricier s’adapte ». Il existe alors « des succursales privées de placement, fréquentées par les ménages en quête de nourrices à emporter. Sur 53000 nouveau-nés en 1866 à Paris, la moitié est allaité par une nourrice. Au même moment, les premières crèches prodiguent un secours moral et propagent la discipline de la mère de famille. Baptême et communion ritualisent les étapes de la croissance de l’enfant. La laïcisation de l’état civil en 1792 et le lent détachement vis-à-vis des autorités catholiques distendent néanmoins le lien noué entre acte de naissance et sacrement du baptême. En 1887, seul un petit parisien sur sept est baptisé dans les trois jours suivant la naissance… A deux ans et demi, parfois plus tôt, le petit parisien modeste prend le chemin de la salle d’asile ou école du 1er âge. Ils sont quelques dix mille en 1876.

Dans les écoles publiques, enjeux pédagogiques et soins hygiéniques convergent vers la mise en ordre du cadre scolaire. Standardisés, les pupitres intègrent siège, casier et encrier. Précepteurs et pensions restent au choix des familles aisées. Enfin, le certificat d’études clôt la scolarité de la plupart des enfants. Seule une petite élite accède au lycée et aux études supérieures.

L’errance et la « musarde » du gamin, jeune apprenti ouvrier, suscitent la défiance. La législation sur le vagabondage se durcit au rythme de la scolarisation et de la réglementation du travail infantile… L’ émergence de la prison-modèle, propre à redresser « la mauvaise graine », se fonde à partir des années 1830 sur des utopies louées et décriées au fil des régimes politiques. 

Fixé par la photographie, le souvenir de l’enfant perdu trop tôt se nourrit de la foi portée dans la continuité familiale. Les naissances difficiles, les infections et les maladies, la promiscuité et les accidents domestiques font du parcours du petit enfant un âpre combat. La législation et l’encadrement du travail infantile soutiennent les progrès de la médecine, âpre à combattre la mortalité des premiers jours. »

 

Jusqu’au 29 mai 2022 de13h30 à18h du mercredi au dimanche – 20, rue Etienne Marcel (2e)

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