« Embellir votre quartier », la nouvelle méthode de la mairie…

Le site Paris.fr consacre un long article sur une nouvelle façon de la mairie  d’envisager l’organisation et la réalisation des travaux sans doute en réaction aux nombreux reproches qui avaient émaillé les débats précédant les élections municipales sur les conséquences néfastes de l’inorganisation et du coût des travaux menés en nombre dans la capitale. .

La nouvelle démarche municipale mise en place dans le cadre de la gestion des aménagements dans l’espace public et appelée « Embellir votre quartier  » consiste à « regrouper l’ensemble des interventions dans un même quartier sur une période de travaux resserrée. Une stratégie échelonnée en plusieurs étapes (diagnostic, concertation, planification) qui comporte des avantages non négligeables pour les riverains. »

Voilà a priori une sage décision puisqu’elle montre pour une fois que la mairie a écouté ses administrés …  aussi faut-il en faire état.

Des explications sont apportées sur ce nouveau process. il est indiqué «  Plus de végétalisation, des zones piétonnes, des pistes cyclables, ou encore du mobilier adapté aux nouveaux usages : c’est à vous de décider des interventions utiles et prioritaires pour faire de votre quartier ou de votre rue un lieu plus agréable, plus accessible et plus respirable. »  On retrouve en quelques mots, sous couvert de mieux organiser les travaux sur la voie publique, le discours habituel, voire officiel, des élus parisiens pour évoquer ce qu’il faut appeler la politique de piétonnisation rampante de la capitale. La piétonnisation n’est pas la panacée quand elle est « jusqu’auboutiste » puisqu’elle se traduit par la réduction des places de stationnement (y compris de livraison), l’extension des terrasses des bars, le bruit permanent surtout nocturne, l’augmentation du nombre d’embouteillages et conduit de plus en plus de Parisiens écœurés par la vie qui leur est ainsi réservée à quitter la capitale!

Dans le cadre de cette nouvelle procédure proposée en matière de travaux publics, la mairie précise «  un diagnostic du fonctionnement actuel de votre quartier est mis à votre disposition afin de pouvoir donner un avis éclairé sur les aménagements prioritaires à effectuer. » ce peut-être une bonne chose mais reste à savoir qui établit véritablement ce diagnostic ? Qui garantit son objectivité et dans quelle direction sera t-il orienté ? Cette étape réalisée,  la mairie ajoute  » dans le cadre d’une démarche participative, des aménagements seront proposés en prenant en compte l’ensemble des différents objectifs municipaux en termes de gestion de l’espace public » que sont  » le plan de circulation… le remplacement du stationnement par des espaces végétalisés, l’élargissement des trottoirs pour favoriser les cheminements piétons, etc… » Avec un tel cahier des charges, excepté l’emplacement des pots de fleurs on voit mal les publics concertés faire dévier les élus de ce qui est d’une certaine manière déjà décidé…Dernière étape, « à l’issue des démarches de concertations qui s’étalent sur 4 à 6 mois, les travaux à effectuer seront planifiés et organisés dans le même temps dans l’année qui suit. », plan d’investissement et planning à l’appui.

Des cartes illustrent ces propos avec les 80 quartiers de 30 000 habitants définis, « une échelle pertinente »  précise t-on à l’Hôtel de ville. Les premiers travaux sont envisagés pour 17 quartiers, surtout ceux dits » défavorisés », dés septembre de cette année.

Il est assez illusoire de faire croire aux habitants, cela est pourtant présenté comme un des avantages de la méthode, qu’ils vont ainsi  pouvoir  » décider collectivement des projets de transformations de l’espace public » (végétalisation, apaisement des circulations, mise en accessibilité…) et cela est bien dommage. En revanche, on peut imaginer avec ce nouveau process  « une meilleure gestion du temps du chantier,  des nuisances temporaires sur les transformations positives attendues » et à terme la réduction  des coûts de travaux  inutiles en évitant  » autant que possible que la rue réaménagée soit rouverte par un ou plusieurs concessionnaires (gaz, électricité, CPCU…) dans les années qui suivent. » Enfin il sera possible de suivre grâce à la mise en ligne, et c’est la moindre des choses, « une carte dédiée permettant de suivre les chantiers à Paris : les travaux sur les bâtiments, ceux de la Ville de Paris et ceux des différents opérateurs (électricité, gaz, CPCU…). »
En résumé cette évolution annoncée par la mairie peut apparaître comme une petite innovation mais le fond du problème subsiste, nous l’avons vu à multiples reprises, outre la piétonisation à outrance, la concertation et la participation mises en avant restent un habillage, y compris pour les opérations de budgets participatifs à propos desquels le journal  Le Monde titrait le 28 janvier dernier  que « ..le fonctionnement et les résultats sont contestés. Le nombre de projets va être réduit de 70 % ».  Sur ce dossier là encore, la mairie a été obligée de revoir sa copie. Elle devra le faire aussi le moment venu pour tous les sujets qui engagent la vie des Parisiens et nécessitent une concertation au sens littéral du terme.

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