Encore de nouvelles pistes cyclables, oui mais…

Sous le tire « Bientôt des nouvelles pistes cyclables » la mairie de Paris rappelle sur son site paris.fr qu’elle a créé 52 km de pistes cyclables provisoires durant la pandémie, pistes qui seront définitives et seront bientôt toutes bordées de blocs de granit (fini les détestables bornes jaunes ?). Elles s’ajoutent aux 1 000 km d’aménagements déjà existants. A ce rythme nous allons bientôt être capables de parcourir en vélo la distance du tour du globe terrestre tout en ne quittant pas la capitale devenue un trottino-vélodrome géant. Peut-être qu’un tel parcours sera la prochaine gageure de l’équipe municipale qui a annoncé récemment que la plan vélo 2021- 2026 serait doté d’un budget de 250 millions d’€ qui intègre la création de 100 000 places de stationnement sécurisées (*) ?

Au delà de cette raillerie de notre part, il ne faut pas méconnaître les conséquences des modifications des voies de circulation dans Paris, si elles sont pratiquées à l’excès, notamment sur la vie quotidienne des habitants qui ne sont pas des adeptes de la petite reine, sont trop âgés, trop jeunes, handicapés ou ne trouvent pas intérêt dans ce mode de déplacement. Des Parisiens qui semblent les grands oubliés de l’équipe municipale. Oubliés, or le danger est partout, il est même accentué par les escouades de trottinettes et les cyclistes qui filent comme l’éclair (en particulier les livreurs de repas) slaloment entre les passants qui eux-mêmes doivent se frayer un chemin entre les terrasses. Il faut être conscient que les cyclistes, pour une part significative d’entre eux, ne respectent pas le code de la route et se moquent souvent des piétons qu’ils injurient allégrement si par malheur ils leur font la moindre remarque.

Les risques pris par les cyclistes (voir photo illustrant cet article prise au carrefour des rues Saint-Martin, aux Ours et Grenier Saint-Lazare le 27 octobre 2021) ne sont pas sans conséquence non plus sur l’accidentologie liée aux engins et dont on parle peu, de peur de casser l’engouement entretenu sur le sujet par les organisateurs des déplacements dits « doux« .  La DPSP qui devient la nouvelle police municipale a fort à faire si elle veut que l’harmonie règne entre cyclistes, conducteurs de trottinettes et piétons. Les amendes, lorsque les policiers municipaux seront en mesure de pouvoir verbaliser, ne devront pas être exceptionnelles mais dressées chaque fois que nécessaire. C’est à ce prix, quoi que l’on puisse prétendre, que les abus encore trop abondants diminueront. Et ce n’est pas en annonçant des « pistes cyclables sécurisées » que les abus baisseront. Il serait vraiment contreproductif de tuer la bicyclette à Paris au prétexte d’une politique trop molle et laxiste qui laisse la place à tous les excès et donc à bien des dangers pour les piétons. Le code de la rue annoncé par la mairie tarde à venir… Sera t-il suffisant, lorsque l’on voit le non respect des feux tricolores et des panneaux « stop », les passages pour piétons franchis alors que des personnes sont engagées…? 

Aussi faut-il développer en parallèle de l’utilisation des bicyclettes et de l’aménagement des pistes cyclables (les aménagements des pistes provisoires si laides tardent), dont le réseau apparait désormais suffisant, non seulement un corpus des bonnes pratiques, mais surtout il importe de verbaliser comme il se doit. Il est essentiel de communiquer largement les vraies statistiques à ce sujet afin d’enrayer cette frénésie des mauvais comportements, des invectives, d’un égocentrisme exacerbé dans une ville qui compte plusieurs millions d’habitants et où l’insécurité liée à un simple déplacement pour aller chercher quotidiennement sa baguette de pain devient une épreuve et angoisse beaucoup de Parisiens. Quant aux transports en commun touchés par ces aménagements, ils souffrent d’un manque de coordination là-encore entre les services et directions responsables de Paris et d’Ile de France Mobilité. Les temps de trajets sont de plus en plus longs. 

Il appartient à la mairie de Paris de mettre en place les moyens pour parvenir à endiguer ces effets pervers du développement à marche forcée des nouvelles mobilités. Si comme l’annonce l’Agence de transition écologique (ADME) à Paris « en 2030 la part du vélo explosera entre 19,6 et 28,5 % contre 5% aujourd’hui », il est devient des plus urgents d’inverser la posture bisounours qui n’est plus de mise d’autant que le financement des aménagements est très élevé et ne peut se concevoir qu’en prélevant impôts et taxes sur tous les habitants y compris ceux qui ne se déplacent pas en bicyclette…

 

 

(*) Malgré le confinement 6 631 plaintes pour vols de vélos ont été enregistrées en 2020 soit + 7% par rapport à 2019.

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