Faut-il présenter le réchauffement climatique comme apocalyptique ?

Tous les jours des informations tombent annonçant ou presque le fin du monde, tant la situation du réchauffement climatique serait devenue irréversible… Entre les vrais spécialistes, ceux qui se disent spécialistes, les médias dont le pessimisme est effrayant et les prophètes du climat, il est bien difficile de se faire une idée de la situation réelle.

Une musique différente de celle des thuriféraires du sujet se fait actuellement entendre dans un livre qui vient d’être publié en France aux Editions L’Artilleur par l’Américain Steven E. Koonin sous le titre « Climat, la part d’incertitude« . Ce professeur de climatologie qui enseigne à l’université de New York et à l’Institut de technologie de Californie (Caltech) est ancien secrétaire d’Etat de Barack Obama. Il a participé par ailleurs aux réflexions du groupe British Petroleum sur les alternatives au pétrole. Il est enfin une sommité dans le domaine de la modélisation informatique des modèles physiques complexes.

Il part d’un constat sur les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). il constate que l’écart entre les synthèses formulées par les experts et ce qui en ressort de la part des médias est phénoménal! Il en déduit qu’entre ceux qui réfutent le réchauffement climatique, ceux qui prédisent que le monde va à sa perte, il existe, heureusement sans nier le réchauffement climatique, les réalistes. Selon la catégorie à laquelle vous vous rangez les mesures à mettre en œuvre ne sont pas les mêmes. On l’aura compris S.E. Koonin n’est pas partisan de mesures radicales mais d’un processus de transition lent.

Il fonde son raisonnement sur l’impossibilité de mesurer l’influence humaine sur le climat en raison de l’interaction avec d’autres causes naturelles et sur le temps long, rappelant que les hommes se sont toujours adaptés dans l’histoire. Il juge aussi que la suppression visée de toute émission de gaz à effet de serre ne pourra pas faire abstraction du stock existant. Il va même jusqu’à affirmer que l’objectif  de baisser de moitié des  émissions de gaz à effet de serre est une gageure impossible à atteindre, rappelant que durant la pandémie du Covid, en 2020, alors que tout était à l’arrêt ou presque dans le monde, la baisse enregistrée n’a été que de 8,8 % ! Il insiste en soulignant que la baisse des émissions ne pourra être que l’apanage des pays très développés (soit 1 milliard de personnes sur 7,5 milliards d’habitants) car la plupart des autres n’ont pas les moyens nécessaires pour agir et modifier leur consommation d’énergie.

Sa préconisation est de laisser « forger des réponses locales sur mesure qui font face à des défis réels et non supposés« . Ajoutant que le « cimetière des prophéties fausses est vaste« . Tout miser sur sur « l’impératif obsessionnel » de réduction des émissions de CO2 lui semble une hérésie. Il évoque ainsi toutes les urgences en matière d’écologie, de plastique, la pollution en général, le sur tourisme, le consumérisme, l’aide pour une agriculture moins intensive, la protection de la biodiversité la protection de l’eau et des paysages qui réclament des actions immédiates.

Notre spécialiste du climat met d’ailleurs en garde contre la confusion fréquente entre météo et climat. Les dernières canicules n’ont, selon lui, aucun rapport avec le réchauffement climatérique et il le démontre dans son livre.

Dommage qu’à Paris la lutte conte les émissions de CO2 concentre l’essentiel des mesures en vue de l’amélioration du climat. On sait pourtant que ces gaz poussés par les vents viennent d’autres régions. Le zèle déployé par l’Europe pour la suppression des moteurs thermiques est emblématique de la manière de traiter le sujet. Les politiques veulent se donner bonne conscience et sous prétexte d’agir à long terme prennent des mesures trop « courtermistes » qui reposent sur des fondements fragiles. 150 milliards ont déjà été dépensés par la France en 15 ans pour développer l’éolien et les panneaux solaires ? Était il besoin d’installer ces matériels fabriqués en Chine avec à la clé une pollution effrayante alors que la France fait partie des meilleurs élèves en Europe dans la lutte contre le climat.

Cet éclairage de Steven E. Koonin a le mérite d’exister face au discours officiel sur le risque climatique. Il nous permet de prendre du recul, noyés et conditionnés que nous sommes par l’avalanche d’informations alarmistes et non étayées que nous recevons quotidiennement.

 

NB: Cet article a été nourri en partie par les commentaires du livre de Steven E.Koonin parus sous la plume de Charles Jaigu dans Le Figaro du 09 novembre 22.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *