Faut-il réviser la stratégie touristique française ?

Dans la presse fleurissent actuellement des articles et éditos mettant en avant le retour poussif des touristes et préconisant, avec l’appui de professionnels, des mesures pour rendre toute son attractivité à la destination France.  

L’expression de « priorité nationale » est même mise en avant avec tout un panel de préconisations allant de la valorisation des métiers en passant par la formation et l’apprentissage, ainsi que la transformation numérique. L’enjeu est qualifié de taille tant sont nombreux les secteurs et les emplois qui en dépendent. 

Dans la foulée du plan de reconquête promis par le Président de la République cet été dont les annonces sont attendues, des propositions sont portées par L’ Alliance France Tourisme un groupe de réflexion auquel adhère notamment, pour Paris, les Galeries Lafayette, Kering, le groupe Aéroports de Paris et le groupe Accor, des enseignes très affectées par la baisse de fréquentation touristique. Ce cercle d’entreprises regrette l’éparpillement des structures dédiées au tourisme (Atout France, offices de tourisme, France Tourisme Lab, Paris Région Comité Régional du Tourisme…). Il estime que la stratégie touristique doit être repensée et craint que la France, notamment Paris, au-delà des événements sportifs annoncés dont les JO 2024, ne perde sa place de première destination touristique dans le monde tout en rappelant que «  Le secteur du tourisme, qui représente 8% du PIB et plus de 2 millions d’emplois, peine aujourd’hui à se relever » (*). Les membres de L’Alliance pointent la situation de nombreuses entreprises surendettées et disposant de fonds propres insuffisants combinée à un déficit chronique de main d’œuvre malgré un niveau de chômage criant. Parmi ses propositions rendues récemment publiques figure la demande de mise au rang de priorité nationale le tourisme avec un plan stratégique à 10 ans. On retient aussi le souhait de « réinventer l’industrie touristique française du futur » (restructurer l’offre existante, relancer l’investissement, créer des pôles de compétitivité, organiser la stratégie marketing en France et à l’étranger, accompagner la transformation vers un tourisme plus responsable et durable, réussir la transformation numérique), la « simplification des normes et procédures administratives, la réduction des charges salariales » et enfin la « nécessité de se professionnaliser pour améliorer l’offre de services » (préparer et anticiper l’avenir des jeunes, développer la formation continue dans une logique inter-métiers/inter-filières…) 
Sur ce dernier axe nous notons la préconisation suivante, «  Faire évoluer les mentalités et l’implication des Français vis-à-vis du tourisme ». Comment pourrait-on être impliqué à Paris où le tourisme de masse, le tourisme nocturne sont inscrits en lettres d’or dans la stratégie de la mairie qui n’a cure des avis de ses habitants, développe anarchiquement les terrasses et se montre encore bien trop molle à l’égard des locations saisonnières qu’elle avait tant encouragées par la passé ?
Dans ce contexte, pour les opérateurs du tourisme, l’idée de la mairie de Paris, alors que les compagnies aériennes françaises ne sont pas en bonne forme, de remettre en cause le coût carbone des vols long-courriers et la pollution des aéroports n’est pas une bonne nouvelle. Or chacun sait que la pollution atmosphérique à Paris conséquence des choix opérés en matière de circulation ne baisse pas, il n’y a donc pas lieu que ces opérateurs s’alarment pour le moment. Nous remarquons qu’aucune mesure n’est proposée au sujet de la malpropreté endémique de Paris pourtant pointée par les touristes lorsqu’ils « notent » la capitale en comparaison d’autres grandes villes. Quant aux Parisiens qui fuient Paris, leur flot pourrait croître davantage si jamais le tourisme de masse était de retour…
(*) Les pronostics officiels de 2016 ambitionnaient d’atteindre le score hallucinant de 100 millions de touristes en France en 2020 !

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