Histoire de l’imposante fontaine Molière

Dans un article du 10 janvier dernier nous faisions état de la décision prise par la mairie de Paris de consacrer un budget majoré à l’entretien des fontaines parisiennes qui en ont bien besoin.  Parmi celles de notre arrondissement qui vont bénéficier de cette manne inattendue figure la fontaine Molière, à l’angle de la rue éponyme (l’ancienne rue Traversière) et de la rue de Richelieu dans 1er arrondissement.

Ce monument imposant  (16 m de haut et 6,50 m de large) en tête d’ilot visible de la rue des Petits Champs date de 1844.  A cette époque en effet alors qu’il était question depuis de nombreuses années d’élever un monument à la gloire de Molière, l’opportunité s’est présentée de le faire à la suite de décision de démolir la fontaine Richelieu  proche de la maison  où le célèbre dramaturge et comédien mourut (40 rue Richelieu). La fontaine Richelieu (alimentée par la pompe à vapeur de Chaillot) fut détruite en 1838 à cause de la gêne qu’elle occasionnait à la circulation.  L’idée de cette construction et l’instruction du dossier furent conduits et menées à bien par le sociétaire de la Comédie Française Joseph Régnier aidé du député Boulay de la Meurthe  qui intervinrent auprès du préfet Rambuteau qui délivra l’autorisation de lancer une souscription. Souscription fructueuse puisque 190 000 francs furent alors collectés et remis dès le 22 mai 1840 au ministre de l’intérieur Charles de Rémusat.

La réalisation de la fontaine qui débuta en 1841 est une œuvre collective à laquelle ont participé, sous la direction de l’architecte Louis Visconti,  l’entrepreneur Antoine Vivenel (*), les sculpteurs Bernard Gabriel Seurre (1795-1867) (**) qui a réalisé le bronze de grande facture de Molière, assis la plume à la main, et Jean-Jacques Pradier (1792-1852) (***) pour les allégories La Comédie sérieuse et La Comédie légère ainsi que  les mascarons à tête de lion crachant de l’eau et le génie du fronton.  On assure que le tabouret sur lequel Molière  pose le pied contient le recueil  complet de toutes ses œuvres !

La fontaine est composée d’un soubassement massif formé d’un bassin pentagone en marbre blanc veiné qui reçoit l’eau sortant des 3 gueules de lion. Il est surmonté d’une niche encadrée de deux doubles colonnes corinthiennes cannelées dans laquelle se trouve la statue de Molière et soutenant un fronton circulaire avec à sa base une guirlande de feuillage où est assis le génie

Au-dessus de la statue de Molière  est inscrit le texte suivant   « 1844 – A Molière né à paris le 15 janvier 1622-Mort à Paris le 17 février 1673-Souscription nationale- » et sur les rouleaux que tiennent les 2 figures féminines en marbre blanc est ajouté à droite  » Misanthrope1666-Melicepte 1666- Pastorale comique 1666-Le Sicilien 1667- Le Tartuffe 1667-Amphitryon 1668…Les femmes savantes 1672- Sur la figure de gauche « Le Dépit amoureux 1669-L’école des femmes 1663-L’impromptu de Versailles 1663-Le mariage forcé 1664…Don Juan 1665… « 

 

(*) Visconti et Vivenel réalisèrent aussi les fontaines de la place Saint-Sulpice,  de la place Gaillon et du Square Louvois en face de la BNF. Vivenel a laissé son nom au musée éponyme de Compiègne riche des collections d’objets d’art dont il a fait don à la ville. 

(**) Prix de Rome, il participa notamment à la décoration de l’Arc de Triomphe de l’Etoile

(***) Ses œuvres sont dans de nombreux musées. Prix de Rome il travailla à la décoration de la place de la Concorde, du Palais Bourbon et du Palais de la Bourse.

Sources : Imago Mundi; e.munumen.net; Nouveau dictionnaire historique de Paris de Gustave Pessard (1904)

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *