La mairie de Paris vient de communiquer les résultats d’une enquête relative à la mise en place à Paris, sur toutes les voies où l’automobile a encore droit de cité, d’une vitesse limitée soit à 30 soit à 50 km/h.
Le résultat de la consultation menée, a annoncé la mairie, plaiderait majoritairement pour une vitesse limitée à 30km/h. Dont acte. Mais ce qui surprend davantage, malgré l’engouement affiché sur le site de la mairie, est le nombre extrêmement faible de personnes (Parisiens et non Parisiens) qui ont répondu, il est de 5 736 personnes. Si l’on prend pour base le nombre d’habitants, cette consultation n’a donc retenu l’attention que de 0,25 % d’entre eux, 0,40 % si l’on prend comme référence le nombre d’inscrits sur les listes électorales. Et encore faut-il tenir compte du fait que seulement 63% des répondants sont des Parisiens, ce qui pour être plus précis, réduirait ces deux pourcentages à 0,15% et 0,25% respectivement. soit une peau de chagrin ! Il est donc audacieux d’écrire sur le site Paris.fr, avec pour base un échantillon aussi faible, « 59% des Parisiens favorables à la diminution de la vitesse« ! Sachant qu’il est précisé dès l’introduction du résultat du questionnaire que « 60% des routes parisiennes sont déjà limitées à 30 km/h« . Alors ergoter ensuite sur 30 ou 50km/h pour les voies restantes (bien moins des 40% mis en avant, si l’on exclut les voies piétonnes et les impasses), n’a plus grand sens.
Ces questionnaires et autres consultations « citoyennes » ressortissent de la pure communication et laissent finalement tout le loisir à l’équipe municipale de mener son action sans entrave. Consulter des non Parisiens fausse de surcroit les résultats si piètres soient-ils déjà en volume. Vouloir lui donner une couleur « populaire » ne change rien à l’affaire et à l’objectif visé depuis des années. En vérité passer à 30 ou à 50 km/h est un vieux sujet, un rêve qui en apparence devient réalité… mais seulement sur le papier. Car une fois la mesure mise en place, restera le plus difficile à effectuer, contrôler son respect, ce qui ne sera pas chose facile et même apparait comme une gageure. Entre les motos qui vrombissent à vive allure et pour lesquelles tout ou presque semble permis, entre les réticences encore tenaces d’implanter toujours plus de caméras de surveillance reliées à la police, entre les embouteillages qui n’ont pas disparu malgré les restrictions et entre les fous de l’accélérateur qui agissent la nuit quand le trafic est au plus bas, les occasions de transgresser la limitation de vitesse ne manqueront pas. Cela n’empêchera pas non plus les nuisances sonores (notamment des sirènes des véhicules de police), le bruit étant un des 3 thèmes principaux (au même titre que la sécurité et le partage de l’espace public…) justifiant pour les sondés la limitation de vitesse.
Reste la possibilité de truffer les rues de Paris de radars ou de dos d’ânes, ce qui est impensable. Dans ces conditions quid véritablement de l’application de cette mesure ? Imagine t-on d’en appeler au sens civique des conducteurs ? Au vu du contexte actuel et des comportements égoïstes qui sont la règle dans notre société, la tâche devient incommensurable.
Ces pseudo consultations sont un moyen pour la ville de tout décider sous couvert de démocratie. Les chiffres que vous citez montrent l’absence totale de représentativité de l’échantillon. Comment la municipalité ose-t-elle affirmer que « 59% des Parisiens sont favorables à cette mesure » (bonne ou pas, tel n’est pas mon propos)? Alors que des non Parisiens ont participé au « vote » et que le nombre de participants est infinitésimal.
La pseudo consultation sur l’esthétique de Paris est un autre exemple de forme de gouvernance qui n’est autre qu’une supercherie.
L’été dernier la municipalité a offert (gratuitement) l’espace public aux bars sans aucune concertation avec les associations de riverains, pourtant concernés au plus haut point. Le dauphin de la maire de Paris a annoncé sans aucune concertation préalable (bis) qu’elles seraient pérennisées et ce malgré les protestations de très nombreuses associations de riverains.
Ce n’est pas avec de telles méthodes que les électeurs reprendront confiance dans leurs élus et retrouveront le chemin des urnes. Pour mémoire la participation au second tour des élections municipales parisiennes en 2020 a été de 36,7%. Etre élu dans de telles conditions devrait pousser à l’humilité, à la concertation, à la recherche du consensus, à la consultation avec les associations (et pas seulement avec les lobbies), à l’écoute et non à cette forme de gouvernance autocratique basée sur la communication et un détournement de la démocratie.