Histoire des mauvaises odeurs de Paris

Un récent article du Figaro traite de l' »Hygiène: quand les odeurs putrides régnaient sur les rues de Paris« .  Sa lecture est assez saisissante et rappelle que la ville au cours des siècles passés a connu une situation de malpropreté épouvantable. Le XIXe siècle est pointé du doigt avec la naissance de la révolution industrielle où la situation a empiré, la plupart des grandes villes connaissant les mêmes problèmes.

Le rédacteur de l’article souligne « entre égouts à ciel ouvert et usines répandant leur odeurs  méphitiques, l’air pue. Ajoutez-y le crottin des chevaux d’attelage qui jonche des rues étroites où le soleil ne parvient plus (Haussmann ne transformera Paris que dans la seconde moitié du siècle), l’urine absorbée par le macadam (le goudron arrivera sur les routes aux environs de 1900), les tripiers, bouchers et autres poissonniers qui opèrent à ciel ouvert, les remontées dans les maisons d’odeurs de gaz de fermentation des fosses de vidange…. » Le tableau est effrayant et difficilement imaginable ! Bien entendu il est rappelé que les odeurs ne tuent pas mais il n’empêche qu’avant cette époque déjà des spécialistes, des écrivains dénonçaient « les exhalaisons infectes…l’odeur cadavéreuse qui se fait sentir dans presque toutes les églises…les maisons puantes et les habitants perpétuellement incommodés« . Un médecin militaire, outré par la situation, rapportera dans une revue spécialisée « on se croirait  en Angleterre « , c’est dire que nous n’avions alors rien à envier outre-Manche.

Très tôt des autorisations sont devenues obligatoires avant d’ouvrir une entreprise. Par exemple les activités de teinturerie, peausserie sont acceptées partout à condition d’aérer les locaux et de jeter les eaux usées dans l’égout ou les puits perdus. Au fil des années, à la suite d’études menées par des médecins, des spécialistes de l’hygiène, ainsi que la prise de conscience des autorités (Napoléon III, le baron Haussmann et l’ingénieur Eugène Belgrand à qui l’on doit le réseau de égouts de Paris), la question des odeurs de la capitale est devenue  par ricochet moins prégnante. Il n’en reste pas moins, et c’est la conclusion de l’article du journal, qu’il règne à Paris une odeur caractéristique. Nous ajouterons une odeur qui a ses variantes, dans les gares et le métro (rappelons-nous les essais de diffusion de désinfectants parfumés tentés par le passé) …, mais aussi dans tous les racoins qui servent d’urinoirs publics, sur l’ensemble de la ville lors des forts épisodes de pollution ou lors des grèves des éboueurs.

La question des mauvaises odeurs est donc aussi ancienne que l’histoire de Paris, elle s’est trouvée exacerbée par la densité des habitations, de la population et par une configuration faite de nombreuses rues étroites. Si le tracas des effluves part de loin, malgré les améliorations réalisées au fil du temps, il n’est pas jugulé pour autant car il est indissociable de la propreté.

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