Alors que bien des voix se sont élevées contre la fermeture de l’Hôtel Dieu, le « palais des pauvres » qui depuis le Moyen Âge avait pourtant traversé les siècles et qu’Haussmann avait préservé.
Alors qu’un « projet approuvé en décembre 2019 par le conseil d’administration de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), s’empare du plus beau tiers de cet ensemble donnant sur le parvis de Notre-Dame et le transformerait, si le permis de construire était approuvé, dans une architecture altérée, en un vaste complexe où se mêleraient start-up médicales, galerie commerçante, hôtellerie et résidence étudiante. Nous sommes très loin de la fonction initiale des lieux et de la mission d’un hôpital qui dessert les 350 000 habitants du centre de Paris » (Le Monde15 juin 2020) qui doivent se reporter sur l’hôpital Bichât ou l’hôpital Saint-Antoine.
Alors qu’une pandémie bouscule depuis le début de l’année nos vies et se traduit pas de nombreuses hospitalisations les spécialistes clament l’insuffisance de lits pour soigner les malades dans les hôpitaux. La décision de rayer de la carte hospitalière parisienne l’Hôtel Dieu apparaît de plus en plus comme une monumentale aberration.
Or dans ce contexte périlleux, l’Etat engage un plan de financement inédit pour les hôpitaux. Pourquoi alors ne pas remettre en cause la décision prise et revoir ce dossier discutable de transformation de l’Hôtel Dieu en tenant compte de l’évolution de la crise sanitaire à Paris ? D’ailleurs les besoins sont tels que la question de la réouverture se pose également pour l’Hôpital du Val de Grâce lui aussi désaffecté. Il appartient aux acteurs concernés l’Etat, la Ville de Paris, l’AP-HP de prendre en compte cette situation nouvelle. Le faux prétexte des difficultés à trouver des financements « innovants » pour rénover ces établissements n’ont plus cours aujourd’hui quand il s’agit de la santé des Parisiens fortement touchés par la Covid 19 et alors que l’Etat octroie facilement ici et là bien des milliards d’euros. Seule la volonté fait défaut dorénavant.
Il est étonnant que ceux qui pourraient remettre encore en cause la décision de désaffection prise dans un contexte sanitaire tout autre soient si peu nombreux. D’autant que le secteur du bâtiment est comme beaucoup également touché par la crise économique. La galerie commerçante et l’hôtellerie validées dans le projet de transformation de l’Hôtel Dieu sont-elles toujours d’actualité après les bouleversements inattendus rencontrés depuis prés d’un an ?
Un collectif d’acteurs du patrimoine, du monde associatif et d’intellectuels, dont Stéphane Bern, a demandé l’abandon du projet afin de renouer avec l’attention portée aux plus démunis. Seront-ils écoutés? Il est sans doute encore temps d’agir dans une perspective moins mercantile. C’est aux politiques et à l’APHP qu’il appartient de reconsidérer ce dossier qui au vu des rapides changements constatés ( y compris l’incendie de Notre-Dame) a besoin d’être totalement réorienté.