Le ministre allemand des transports Volker Wissing, fervent adepte de la voiture, s’est opposé au projet de la commission européenne d’interdire la construction de véhicules à moteur thermique à partir de 2035. Il a même obtenu une dérogation pour les carburants de synthèse. Ce ministre est aussi connu pour s’opposer à la limitation de vitesse sur les autoroutes… Certes on peut comprendre que ces positions ont pour objectif de protéger la puissante industrie de construction automobile allemande mais il n’empêche qu’elles détonnent au sein du gouvernement allemand où siègent des ministres écologistes.
Les commentateurs politiques allemands estiment que Volker Wissing représente les Allemands qui aiment l’écologie dès lors qu’elle ne bouscule pas leurs habitudes de vie. D’autres pensent que ce politique est un partisan du principe de réalité et qu’il se bat contre ce que l’on appelle fréquemment l’écologie punitive. L’Allemagne est souvent montrée en exemple jusqu’à agacer, mais cette situation au sein du gouvernement allemand pose tout de même question.
Faut-il brûler les étapes en matière de mesures à mettre en oeuvre pour protéger la planète ou bien doit-on le faire de manière ordonnée et selon un calendrier acceptable par tous ? Là est le cœur du problème. Plutôt que de procéder par doses homéopathiques, brusquer les choses est souvent contre productif, y compris en matière d’écologie. Les ayatollahs du climat comme les politiques doivent penser aux réactions qu’entrainent leurs décisions auprès de tout un chacun. Si l’on veut convaincre, radicalité et brutalité ne font pas bon ménage avec pédagogie. Nous sommes en fait actuellement à un tournant qu’il faut prendre dans les meilleures conditions tout en restant vigilants sur l’acceptabilité des mesures engagées par ceux qui en subiront les conséquences.
Nous revenons de ce fait sur l’incontournable concertation nécessaire avant toute prise de décision et son application. Vouloir appliquer des mesures écologiques sans passer par cette étape est voué à l’échec. Nos gouvernants, nos élus municipaux ne doivent pas oublier ce principe s’ils veulent entraîner leurs administrés dans la bonne direction. Les modalités mises en oeuvre pour réduire la circulation automobile à Paris n’ont pas été discutées ou tout le moins pas assez et ce sont les Parisiens les moins aisés qui en font et feront les frais. Acheter une nouvelle automobile représente un coût élevé alors que leur véhicule peut rouler plusieurs années encore ! La multiplication des trottinettes, la réduction des voies ou leur piétonnisation, la baisse drastique des places de stationnement sont des conséquences qui n’emportent pas la faveur de tous les Parisiens. Les embouteillages subsistent et la pollution baisse t-elle vraiment ? Les utilisateurs de trottinettes et de vélos sont aussi ceux qui n’hésitent pas à prendre l’avion trés polluant pour partir en vacances…
Punir plutôt que convaincre n’est pas la bonne méthode. La situation au sein du gouvernement allemand montre bien que ce n’est pas si simple. La pédagogie doit l’emporter sur tout autre considération .