Instauration de quotas et/ou d’une taxe contre le sur tourisme, un sujet brûlant

Nous avons déjà traité du sujet du sur tourisme, des quotas et des taxes susceptibles d’en limiter la portée.

Dans un article bien documenté, le Figaro du 11 janvier revient sur ce dossier qui intéresse de plus en plus les communes confrontée à l’afflux incontrôlé de touristes. Les auteurs de cette enquête/étude estiment que les taxes vont se multiplier en 2023, y compris dans les hôtels, car pour bien des destinations il s’agit dorénavant d’assurer leur pérennité. Et de citer la Thaïlande qui va imposer pour les touristes arrivant pas air une taxe d’entrée dans le pays (8,00€) qui s’ajoutera au visa touristique (35,00€). Manchester a annoncé une taxe hôtelière (1,00£ par jour et par chambre), quant aux Pays Bas, les autorités viennent d’augmenter la contribution imposée sur les billets d’avions au départ du pays. 

Si cela peut apparaître nouveau, il faut se souvenir qu’en France par exemple la taxe de séjour (de 0,25€/jour/personne pour les campings et ports de plaisance à 5,00€/jour pour les palaces en 2023,voir le barème de Paris )  (*) a été instaurée en 1910. D’abord à titre facultatif puis rendue obligatoire ensuite. Il appartient à chaque département de définir son tarif dans le respect d’une fourchette nationale.  Ainsi les collectivités concernées et les EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale : syndicats et communautés de communes, communautés urbaines ou d’agglomérations et métropoles ont récupéré prés de 503 millions d’€ en 2019!).

Pour les pays qui n’ont rien prévu ou ceux qui ont déjà institué de telles taxes fallait il aller plus loin de manière à réguler les flux mais aussi pour faire face à l’augmentation des coûts (énergie, salaires, lutte contre le réchauffement climatique …) et même à l’instar de la Nouvelle-Zélande (21,00 €)  ou de Bali (9,00€) dédier cette taxe à la transition écologique du pays et à la préservation de l’environnement ?  N’oublions pas en effet qu’encadrer le tourisme représente un coût (création et fonctionnement des offices du tourisme, entretien des infrastructures et du patrimoine, maintien de la propreté, approvisionnement en eau, énergie, gestion des déchets  etc…). Ce qui n’est pas rien face à une contribution financière symbolique des touristes qui pourrait donc être augmentée dans le contexte actuel de pénurie et d’inflation.

Le cas de Venise longuement décrit dans l’article du quotidien est intéressant. La taxe de séjour qui est vraiment une taxe de sur tourisme est variable selon la période de l’année. Nombre de Vénitiens la trouvent inefficace c’est pourquoi la mise en place d’une taxe ad hoc vient d’être reportée un nouvelle fois. Ils sont davantage partisans de la mise en place de quotas. Lancinante question s’il en est, son application se heurtant à l’opposition des commerçants, des cafetiers, restaurateurs et hôteliers…

Venise n’est pas Marseille mais la jauge instaurée en 2022 pour visiter les Calanques est une vraie réussite. Les touristes ont compris l’enjeu.  Amsterdam pourrait faire figure de pilote. La ville souhaite lutter contre certaines formes de tourisme (enterrements de vie de garçon ou de fille, tournées des pubs…) générant de fortes nuisances (bruit, alcoolisme, malpropreté, drogue …). A ce titre certains proposent d’augmenter la taxe de séjour de 30% soit 45€00 de plus ? Ce qui n’est pas sans poser dilemme quid par exemple des habitants qui recevront des parents ? Seront-ils assimilés à des touristes comment les exempter (billet spécifique avec QR code…?).

De toute évidence contre le sur tourisme et ses nuisances il est devenu indispensable de prendre des mesures d’autant plus nécessaires dans le contexte actuel d’inflation et de retour des touristes chinois  après plusieurs années d’absence. Des conditions qui ne peuvent que relancer le sujet. Et Paris, si l’afflux de touristes continue à augmenter (nous avons presqu’atteint le niveau de 2019), n’y échappera pas.

(*) Depuis 2018 Airbnb perçoit la taxe de séjour et a ainsi reversé 24,3 millions d’€ à la ville de Paris en 2022.

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