La crise du logement est bien installée, Paris n’y échappe pas

Nos élus ont mis en scène moult publicités concernant l’inauguration sur l’îlot Saint-Germain dans le 7e au 10 rue Saint-Dominique, dans un ancien couvent du XVIIe siècle (le site a abrité le ministère des armées jusqu’à son transfert à Balard en 2016),  de 254 logements sociaux (dont 50 % de logements très sociaux, une crèche et des équipements sportifs) allant du studio au 4 pièces. Plus de 500 habitants y résideront et deviendront voisins d’un futur palace, de l’Assemblée nationale et des Invalides (voir photo « h2o architectes » illustrant l’article). En pleine tourmente immobilière, de surcroit dans le 7e,  cette opération est en elle-même tout un symbole. Une victoire pour la mairie qui vient de mener au Sénat l’adjoint en charge du logement.

Mais n’est-ce pas au fond une victoire à la Pyrrhus ? En effet les ingrédients d’une crise de l’immobilier sont bel et bien en place en France (hausse des taux et exigences du régulateur à l’égard des banques, inflation, baisse des prix qui dissuade aussi les vendeurs potentiels de mettre leur bien sur le marché, faiblesse des mises en chantier, niveau historiquement bas des logements neufs mis en chantier, restriction du périmètre d’éligibilité des prêts à 0 %, avantages fiscaux restreints et surtout la volonté d’interdire à la location les « passoires thermiques » une aberration ! ).

Paris est particulièrement concernée. La récente augmentation inconsidérée de la taxe foncière, l’absence de terrains disponibles pour construire, l’encadrement des loyers, la volonté d’atteindre par tous les moyens 40% de logements sociaux et très sociaux (sorte de lubie dogmatique), la fermeté molle à l’égard des locations saisonnières qui conservent de sérieux avantages fiscaux, le lourd endettement de la ville qui ne peut être illimité sont des données factuelles qui rendent la situation du logement encore plus périlleuse dans la capitale. Situation aggravée par la suppression de la taxe d’habitation, par la baisse des prix de l’immobilier et des transactions qui impacte pourtant une autre source de recettes essentielle pour la ville, les fameux DMTO (droits de mutation à titre onéreux ou frais de notaire) soit 1,7 milliards d’ € en 2022. Avec la hausse de la taxe foncière la mairie n’est-elle pas en train de tuer la poule aux œufs d’or et de se retrouver dans la situation du chien qui se mord la queue ?

Trouver un logement est donc pour beaucoup devenu cornélien tant l’offre s’est appauvrie (étudiants parfois obligés de retourner chez leurs parents, primo accédants contraints de reculer dans le temps leur investissement, de s’orienter à contrecœur sur la colocation …). Il n’est donc pas rare de trouver dans les médias des titres sur cette bombe à retardement,  « situation insoutenable« , « chemin de croix« , « cocktail explosif« , « rentrée sous haute tension« , « grande pénurie« …  qui traduisent les carences des pouvoirs publics et des élus, leurs difficultés à s’entendre pour agir pour le bien public alors que le besoin immense de pouvoir se loger est connu.

Sont à l’œuvre le manque d’anticipation, le manque de moyens, des décisions prises à contresens et l’absence d’imagination (la loi Lagleize par exemple qui dissocie le foncier et le bâti est peu développée dans le logement intermédiaire quant au bail solidaire il est utilisé avec beaucoup de discrétion par la mairie de Paris). Résultat, la pénurie est abyssale. Une situation pitoyable à bien des égards, d’autant qu’on l’aggrave sous prétexte de vouloir la contrôler…

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