Pénalisées par le retrait obligatoire de leur flotte de trottinettes, les entreprises de location, la nature ayant horreur du vide, ne s’avouent pas vaincues et comptent se rattraper sur l’activité de location de vélos électriques. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle. L’adjoint de la Maire de Paris en charge des mobilités déclarait en avril dernier, après avoir pris connaissance de la consultation des Parisiens sur la suppression des trottinettes, que la fin des trottinettes en libre service était aussi un signal d’apaisement de l’espace public parisien. Remarque amusante de la part de celui qui n’a pas empêché le développement des trottinettes dans la capitale et qui devrait imaginer que la sur multiplication des vélos ne va pas apaiser du tout l’espace public bien au contraire. Plus il y aura de bicyclettes, plus il y aura de soucis pour les piétons, les automobilistes, les conducteurs de bus et les cyclistes eux-mêmes. D’autant que Paris, par sa configuration et par sa taille, comme nous l’avons rappelé récemment, n’est pas une ville adaptée pour ce type de mobilité à deux – roues dite « douce ». Les arguments mis en avant par nos élus pour justifier ce développement ne convainc qu’eux – mêmes et leurs affidés.
entreprises qui ont perdu l’activité trottinettes et celles qui scrutent le vide laissé par ces dernières vont « mettre le paquet » sur les vélos électriques en libre-service. Dott, Lime et Tier, les 3 principaux loueurs sont donc à la manœuvre pour se refaire une santé, ainsi que d’autres sociétés de location qui pourraient s’inviter à la fête. La capitale compte 20 000 bicyclettes en « free floating' » (dont 10 000 pour la seule entreprise Lime), plus les Vélib’ (17 000), plus celles appartenant en propre à nombre de cyclistes ou louées en longue durée, ce qui est déjà très élevé. La presse parle d’une probable explosion des vélos en circulation dans les prochains mois en raison du report des utilisateurs de trottinettes sur les vélos et de l’arrivée des jeux olympiques, comme on l’a laissé entendre à l’hôtel de ville, Paris devant apparaitre comme la ville vitrine de l’excellence écologique en France.
D’ailleurs les intervenants soulignent qu’il existerait un véritable » besoin », arguant d’une hausse de 73% des trajets à vélo dans la capitale et de l’augmentation du nombre d’utilisateurs (+ 80% par rapport à 2021). Ils parient aussi sur la réduction du nombre d’automobiles. Mais alors nos rues risquent de déborder de bicyclettes et d’ennuis en chaîne, notamment du fait des incivilités, les invectives dues au trop répandu « non savoir vivre » en société. L’espace public risque de devenir privatisé pour les vélos uniquement…et les terrasses des bars. Sans oublier les places parkings dont le nombre devra être proportionné aux vélos utilisés… Ce qui n’est pas une mince affaire pour la ville dont l’ambition est plutôt de supprimer celles existant pour les automobiles. Le manque de places accentuera l’anarchie du stationnement des cycles puisqu’il semblerait que les places déjà mises à disposition ne sont pas utilisées à 100%.
Tous ces éléments montrent qu’l n’est pas si simple de décréter qu’un engin, quel qu’il soit, devienne le nouveau mode de déplacement par excellence. Il y a loin de la coupe aux lèvres. N’y a t’il pas non plus derrière tout cela un effet de mode. Certains parlent même de snobisme et d’une forme d’alibi pour participer à la protection de la planète alors que beaucoup de ces mêmes ‘utilisateurs n’hésitent pas par ailleurs à prendre sans compter l’avion qui pollue pourtant énormément. Comprenne qui pourra ?