« La guerre des moutons » aux Archives nationales

Une exposition pour le moins insolite « La guerre des moutons » se tient actuellement aux Archives nationales rue des Francs Bourgeois. L’annonce de celle-ci par ses organisateurs précise qu’elle est  « Riche d’une iconographie exceptionnelle [gravures, aquarelles, photographies, tableaux d’échantillons de laine, etc.) …]. La Guerre des moutons entraîne le lecteur dans un récit qui croise les enjeux de l’élevage, de l’industrie, du commerce, de la science et de la diplomatie, fruit d’une recherche inédite qui associe historiens et spécialistes des sciences de l’animal, et qui nous dit l’intimité insoupçonnée des relations entre l’histoire de France et celle d’une race choisie pour être le miroir de son génie modernisateur. »

Il s’agit en fait de  l’histoire d’un projet ambitieux de domination mondiale via les mérinos originaires de Castille qui produisent une laine « surfine d’excellence » et alimentent les caisses du pays qui l’exploite.

Une épopée de prés de 200 ans retracée par cette exposition. Elle s’est soldée par un échec de la France qui avait reçu peu avant la Révolution (1786) les premiers moutons du roi d’Espagne. Napoléon a tout fait avec les mérinos pour essayer de « contrecarrer l’industrie de la laine britannique » et asseoir face à celle-ci la domination française. Par un décret  de 1811, il décide d’étendre le mérinos dans l’intégralité du cheptel ovin européen en s’appuyant sur un réseau de bergeries semblables à Rambouillet et ainsi mettre fin à l’empire du Royaume-Uni et à sa conquête de nouveaux territoires, en Afrique du Sud, en Australie et en Nouvelle Zélande où sont installés d’immenses troupeaux au rendement très élevé.

Aujourd’hui ces ovins sont toujours élevés à la Bergerie nationale de Rambouillet (*), un pôle d’excellence, voulue comme une ferme modèle par Louis XVI qui obtint de son cousin le roi d’Espagne, la livraison de 366 moutons ( le troupeau a mis 5 mois pour arriver su place). La ferme est devenue dès 1794 un  » lieu de formation des meilleurs bergers du pays » et  qui a su « préserver dans ses murs le trésor vivant d’un troupeau reproduit sans aucun croisement extérieur jusqu’à nos jours. »

60 rue des Francs Bourgeois – 75003 Paris jusqu’au 18 avril 2022. Entrée libre et gratuite. Ouverture en semaine de 10h00 à 17h30 – Samedi et dimanche de 14h00 à 17h30. Fermé le 1er janvier.

 

 

(*) Aujourd’hui la bergerie a toujours ses mérinos mais s’est recentrée sur « une mission de défense et de promotion de la biodiversité cultivée ». Il faut dire que, face au synthétique, la laine ne représente plus que 1,2 % du textile mondial. L’âge d’or de la laine, objet de toutes les convoitises, est révolu.

NB: La lithographie de mérinos devant les porches d’entrée de la ferme de Rambouillet illustre l’article date de 1873.

 

 

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