Les bouquinistes des bords de Seine font grise mine

Alors que le secteur du livre annonce des chiffres record pour 2021, les ventes progressent de 19% par rapport à 2019, sans doute en raison de la pandémie et des confinements, les bouquinistes des bords de Seine sont eux à la peine. Les manifestations et les grèves successives, le covid et l’absence des touristes ont impacté la profession. Nombre de caissons sont aujourd’hui fermés, à tel point que la mairie de Paris est à la recherche de candidats et a lancé début novembre, jusqu’au 18 février, un appel à candidatures sur 18 emplacements voulant éviter un effet de domino. Malheureusement ce n’est pas le 1er appel que lance la mairie et les candidats ne se pressent pas… Tout au plus une douzaine de postulants se seraient manifestés.

Ces échoppes au nombre de 230 (sur 3 km) font partie de l’histoire de Paris, elles existent depuis 400 ans et proposent plus de 200 000 ouvrages et affiches. Les bouquinistes sont le successeurs des colporteurs ambulants de l’Ancien Régime, ce qui leur confère un statut particulier. Ils ne paient ni taxe, ni loyer, mais doivent se conformer à un règlement spécifique, notamment ouvrir au moins 4 jours par semaine, respecter un taille standard des caissons peints de couleur vert wagon… Les premiers bouquinistes tels que nous les connaissons sont apparus en 1891 quai Voltaire.

C’est une partie du paysage parisien qui pourrait donc disparaître « la plus grande librairie à ciel ouvert du monde » affirme la mairie. Des mesures ont été prises, le fonds de soutien créé à la suite de la pandémie a intégré les bouquinistes, ces derniers ont lancé un site internet et un dossier d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco est à l’étude sachant que cet ensemble est déjà classé au patrimoine culturel immatériel français. Il se dit que certains exploitants ont choisi d’exercer en parallèle un autre métier.

Quelques voix s’élèvent toutefois sur le fait que les ouvertures des échoppes ne sont pas régulières, en effet des bouquinistes n’ouvriraient que le week-end, ce qui aurait pour conséquence de déconcerter les habitués. L’entretien des caissons souvent tagués laisse à désirer, la mairie devrait y prêter davantage attention.

Le président des bouquinistes est assez pessimiste face à la situation, la relève n’étant pas assurée. Il ne se résout pas à imaginer Paris sans bouquinistes et en poussant le trait il n’hésite pas à lancer « imagine t-on Venise sans les gondoliers?« 

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