La politesse aussi bien que le savoir-vivre, pour ne pas dire qu’ils sont passés à la trappe, se perdent. Ce n’est pas être ringard de s’émouvoir de l’absence de respect à l’égard des autres. Dans nos quartiers comme partout ailleurs c’est la même désolation sur ce plan. Dans son édition du 5 juillet dernier Le Figaro titrait «Sécheresse: Borne active la cellule interministérielle de crise face à une situation historique ». La politesse ne dictait-elle pas d’écrire plutôt Elisabeth ou Madame Borne.
Manque de respect, manque de bases, manque d’éducation voilà ce qu’inspire une telle formulation. Et tout à l’avenant. Lorsque vous entrez dans un magasin, dans le cas où l’on vous salue,l vous aurez droit à un « bonjour » sec sans Monsieur ni Madame. C’est ainsi pour beaucoup de situations et si vous saluez dans les règles, alors il arrive que l’on vous regarde comme quelqu’un d’un autre âge. Pourtant dans certains commerces un accueil digne de ce nom change tout, et vous met non seulement en confiance mais dans de bonnes dispositions pour acheter.
Bien que des efforts aient été faits (lorsqu’il ne s’agit pas d’un automate) sur les réponses au téléphone à vos questions par les agents de l’administration, le ton reste froid et les réponses ne sont pas toujours à la hauteur des attentes. Vous avez aussi intérêt à vous munir de vos documents, numéros de contrats ou autres renseignements, sinon vous êtes renvoyé tel un débutant et parfois sans ménagement alors que vous avez attendu de longues minutes pour que votre appel aboutisse sur un « conseiller ». Le système des centres d’appels n’est pas mieux, c’est souvent une galère et on vous fait comprendre que si vous n’avez pas la solution à votre problème eh bien le problème c’est vous!
Peu de considération, des formules banales et mécaniques pour répondre vite au plus grand nombre, voilà ce à quoi nous sommes confrontés s’il nous arrive d’appeler au téléphone.
Combien de fois aussi en entrant dans un commerce, dans le métro où dans un immeuble, la personne qui vous précède ne retient même pas la porte pour vous aider à la franchir. Elle passe sans se préoccuper de celui où celle qui la suit. Tant pis si vous manquez de heurter le battant de la porte, les autres ne comptent pas, chacun pour soi.
Excepté pour les médecins pour qui tout un chacun continue à l’appeler docteur (curieux que le titre n’ait pas été balayé comme bien d’autres), rares sont ceux qui emploient le terme monseigneur lors d’un échange avec un prélat voire maître pour certaines professions juridiques. On préfère l’expression Monsieur.
Que pensez aussi des personnes qui téléphonent dans les transports en commun, les magasins où les restaurants sans se soucier de la gêne occasionnée pour les autres? Que pensez aussi de la perte de respect à l’encontre de la police, des élèves qui tutoient leurs professeurs, des chefs d’entreprise ou des encadrants qui se laissent eux aussi tutoyer par leurs collaborateurs perdant au passage une partie de leur autorité?
Quant à la galanterie, charme du passé ? Voilà quelque temps déjà qu’elle est tombée dans les limbes, il est vrai que les courants poussant à accélérer l’égalité hommes-femmes ont contribué à cette transformation.
Manque, sinon absence d’éducation parentale, suppression des cours d’éducation civique et disparition de l’exemplarité sont à la base de la « désaffection » pour la politesse, reflet de l’évolution d’une société égocentrique. Et pourtant disait le poète Antoine Furetière « la politesse embellit tout ce qu’elle touche »
A ce sujet nous recommandons la lecture du « Dictionnaire nostalgique de la politesse » de l’historien et professeur de droit Frédéric Rouvillois paru en 2016 aux Éditions Flammarion dont le postulat est que la valeur politesse va revenir « à la mode », dans cette période de crise. Pour l’auteur, au sein d’un monde rapide, « on n’a plus tellement le temps de la politesse alors que c’est indispensable. Etre poli c’est donner de son temps aux autres« .
Malgré la pandémie commencée voilà 2 ans et demi nous ne voyons toujours pas, pour notre part, dans notre monde mouvant, l’évolution annoncée par l’auteur de ce livre …