Nous avons déjà évoqué dans un de nos articles la question très sensible et non encore résolue de la sécurité durant les jeux olympiques 2024, notamment le jour des festivités inaugurales qui sera le moment le plus risqué. Un accord tripartite vient d’être signé entre le Ministre de l’intérieur, la Ministre des sports, la Maire de Paris et le président du comité d’organisation des jeux.
116 bateaux de tailles et de types différents, réservés aux athlètes représentant 207 délégations, descendront la Seine de la Grande Bibliothèque à la Tour Eiffel devant près de 100 chefs d’État. Le risque d’attentat n’est pas négligé car outre les 100 000 spectateurs installés sur les quais bas (ayant payé leur billet à des prix exorbitants) et les 500 000 qui seront sur les quais hauts (où ce sera gratuit), le monde entier assistera à l’événement. En conséquence chaque spectateur sera contrôlé lors de l’accès. Selon le Ministre de l’intérieur, il s’agira d’ « un défi logistique et sécuritaire exceptionnel« . Les chiffres avancés pour faire face sont spectaculaires. Mobilisation de 35 000 membres des forces de sécurité intérieure, de 2 000 agents de police minimale, de 2 800 gardiens de la paix, d’unités d’élite de la BRI, du GIGN, démineurs des armées, gendarmes spécialisés dans la lutte contre les drones et équipes expérimentées dans la détection des cyber attaques. A cela s’ajouteront l’installation de 400 caméras de vidéo protection supplémentaires aux 4 000 existantes, et les agents de sécurité privée (le besoin est évalué entre 17 et 22 000 agents, 4 200 déjà embauchés). Toutes ces personnes veilleront notamment sur la parade fluviale.
Mais au-delà de la journée de lancement des jeux, comme le souligne l’éditorialiste Nicolas Baverez, dans un article du Figaro daté du 29 mai, il sera important de réussir les JO de Paris toujours plus coûteux que prévu. Il souligne qu’en rassemblant 15 000 athlètes, 20 000 journalistes, 13 millions de spectateurs et 4 milliards de téléspectateurs l’enjeu est primordial tant pour Paris que pour la capitale. Il estime comme beaucoup que la France et Paris en particulier sont loin d’être prêtes. L’essayiste insiste sur les points négatifs de Paris « la ville est éventrée, insalubre et dangereuse. Elle demeure de loin la ville la plus sale d’Europe. Elle est totalement embolisée et hors d’état d’accueillir des millions de visiteurs alors que la vie de ses habitants est devenue infernale… ». Il pointe aussi la situation catastrophique du sport français englué dans plusieurs affaires, la démission de la présidente du Comité national olympique, le mauvais climat social ambiant et l’éventualité de grèves lors de la tenue des JO. Et en filigrane la note finale qui sera selon toute vraisemblance salée pour notre pays. Le budget de départ de 6,2 milliards a été relevé à 8, 8 milliards d’€. Nicolas Baverez prédit que le coût final sera proche de 10 milliards, l’Etat garantissant les dépassements. L’apport financier des JO est quant à lui évalué entre 6 et 10 milliards d’€ ? Tout au plus pourrons nous parvenir à un équilibre des dépenses et des recettes, un moindre mal, mais ce scénario est loin d’être acquis.
Et de poser la question sur la stratégie retenue, est-elle la bonne ? Ne faudrait-il pas en changer? La concertation fait largement défaut entre les élus et l’Etat, entre les entreprises et surtout les « citoyens ». Est-il normal que le prix des locations des appartements loués pour l’occasion flambent à un tel niveau ? L’éditorialiste propose que les JO soient perçus comme une chance pour mobiliser les énergies, rassembler et relancer le pays sans oublier d’associer les entreprises « pour compenser les difficultés prévisibles des services publics« . Il importe aussi ajoute-t-il de « valoriser nos atouts de leader mondial du tourisme, en mettant à l’honneur la richesse inouïe de notre gastronomie, de notre patrimoine, de nos paysages et de notre culture sur l’ensemble du territoire. Refaisons de Paris une ville-monde et renouons avec son histoire et son esprit… »