L’inquiétante pollution de l’air dans le métro

Une enquête concentrée sur le niveau de particules fines PM2.5  (c’est-à-dire celles dont la traille est inférieure ou égale à 2,5 micromètrres) dans le métro et le RER (hors secteurs 3, 4 et 5) a été menée en coopération avec un directeur de recherche du CNRS pendant 8 mois par des bénévoles pour les besoins de l’émission « Vert de Rage » diffusée sur la 5.

Pas moins des 332 stations et 435 quais ont ainsi été passés au crible.  Les conclusions qui ressortent sont inquiétantes. Tout un chacun se doutait bien que l’air respiré dans le métro était plutôt vicié, plus pollué qu’en extérieur, avec les mauvaises odeurs en prime, mais les constats du document vont bien au-delà de ce que nous imaginions pour les 12 millions de franciliens (voyageurs et salariés) qui utilisent ce moyen de transport. Ces particules fines qui s’introduisent dans les poumons et le sang sont à l’origine d’AVC et de cancers. Leur émission a lieu au moment du freinage des voitures sur les rails, lors du contact avec les roues en acier ou avec les pneus. Les données recueillies montrent que la pollution est 2 fois plus élevée que les recommandations de l’OMS  (Organisation Mondiale de la Santé). Si l’on ajoute la pollution extérieure nous nous trouvons avec non pas le multiple 2 mais le multiple 5! Ce qui est considérable.

Les lignes les plus concernées sont la 5 (Bobigny-Place d’Italie) et la 9 (Pont de Sèvres-Montreuil) où il est question de « sur-pollution ». Les différences proviennent du matériel roulant utilisé, de la profondeur de la station et de l’organisation de la ventilation. Il semble selon des collaborateurs de la RATP que plus le matériel est neuf plus il pollue. En effet, l’adéquation des rails existants avec les nouveaux matériels roulants n’est pas au meilleur niveau. La RATP se défend en rappelant qu’elle procède à des mesures en continu sur plusieurs points du réseau et non au moyen de mesures ponctuelles avec des appareils portatifs utilisés par les bénévoles. Il faut, a ajouté la responsable du développement durable, utiliser des appareils de référence selon des protocoles scientifiques valides.

Le parquet de Paris a, dès avant ces résultats, reçu une plainte de l’association Respire et ouvert une enquête sur le manque de transparence de la  RATP sur les niveaux de pollution. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a de son côté constaté un niveau de particules fines 3 fois plus élevé recommandant, malgré des études insuffisamment larges et étoffées, de réduire le taux de particules. Déjà la RATP favorise le freinage électrique et avance un plan d’investissement pour mettre en place davantage de ventilateurs se fondant sur une étude épidémiologique (menée sur la période 1980-2017) qui n’aurait pas constaté de surmortalité. Le chercheur du CNRS qui a été associé à l’enquête cite plusieurs moyens pour réduire cette pollution. Filtrer l’air qui vent de l’extérieur, arroser afin de faire descendre les particules au sol, installer des vitres sur une plus grande hauteur que celles déjà  existantes sur les lignes automatiques. Mais précise t-il tout est fonction de la station (sa configuration, son emplacement…).

La RATP qui a déjà bien des sujets à traiter doit se saisir de ce problème à bras le corps et proposer des solutions qui devront être rapidement mises en œuvre s’agissant de santé publique.

 

Sources : TF1 Info et 20 Minutes du 23 mai.  Le Figaro du 24 mai 2023.

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