Le siège social historique de la maison Chanel se trouve dans notre « arrondissement unifié » au 31 rue Cambon (ex 1er). Les résultats que vient de publier la célèbre marque méritent que l’on s’y arrête quelques instants. En effet, après une année record en 2021, le chiffre d’affaires et les résultats ont crû en 2022 respectivement de 17% et de 14,2 %, soit 17,2 milliards d’€ de ventes et 4,6 milliards d’€ de bénéfice net. La marge opérationnelle est de 33%, un montant tout à fait exceptionnel. Tous les secteurs du groupe sont en hausse à 2 chiffres, qu’il s’agisse du parfum, de la mode (haute couture et prêt à porter), de la beauté, de la joaillerie et de l’horlogerie. Et cela malgré l’effet retard dû à la Covid, de lourds investissements et la fermeture des magasins russes. Tout ralentissement dans telle ou telle région du monde est largement compensée par une croissance forte dans les autres comme ce fut le cas en Asie et en Europe au cours de l’année écoulée.
Quel est ou quels sont les secrets d’une telle vitalité de la griffe qui traverse le temps sans jamais subir les aléas conjoncturels (inflation, récessions, mesures protectionnistes, guerre…) ?
Les analystes financiers, comme ils le font pour les autres entreprises de luxe français qui connaissent les mêmes performances (Hermès, Vuitton et Dior), insistent sur un positionnement qui est celui du créneau du super luxe, une politique des prix toujours en phase avec les tendances inflationnistes (la cherté des produits les rend plus encore désirables…!) et une présence mondiale liée partout à un strict contrôle de la distribution. Il importe aussi de disposer de directeurs artistiques, de stylistes doués et d’une notoriété entretenue qui crée le besoin chez les clients visés, tout en entretenant une certaine rareté. Bien entendu il faut veiller aussi aux contrefaçons et être sans pitié à l’égard de leurs promoteurs.
On raille souvent la France pour avoir laissé partir à l’encan son industrie, au profit des activités de service, de ne plus être le 1er pays agricole d’Europe et de perdre en conséquence des parts de marché. Force est de constater que le secteur du luxe envié et copié dans le monde entier reste un exemple de performance, de savoir faire, de formateur, d’employeur signifiant (un million d’emplois directs et indirects dans l’hexagone) et de contributeur fiscal majeur qui appelle en conséquence le respect de tous ceux qui participent à ces résultats exceptionnels. Nous devons être fiers que cette maison mondialement connue soit implantée dans Paris Centre.
NB : La majorité de Chanel est détenue par les frères Wertheimer, petits fils de Pierre Wertheimer propriétaire originellement des parfums Bourjois (absorbés depuis lors par les parfums Coty) et associé dès 1924 de Coco Chanel, fondatrice de la maison en 1910, afin de lui permettre de lancer sous sa griffe ses propres parfums.