Depuis quelque temps, en raison des jeux olympiques de 2024, la question de pouvoir se baigner dans la Seine refait surface. La canicule rend ce sujet davantage prégnant dans le discours des élus.

À Paris on nous annonce que tout sera fait pour que la Seine réponde aux normes européennes permettant que des épreuves s’y déroulent. Le discours est aussi d’aller au-delà afin qu’après les jeux on puisse continuer à nager.

La baignade est interdite dans la Seine depuis 1923. A cette époque le préfet avait pris cet arrêté à la suite des problèmes sanitaires révélés par la découverte de la bactérie Escherichia coli permettant de mieux connaître la qualité des eaux. 
Une chronique dans le Figaro du 16 juin 1889 ne dressait-elle pas de la façon suivante sa perception de la qualité des eaux du fleuve. «Pouah! C’est une macération de choses mortes que cette rivière immonde où s’abreuve inconsciemment la race la plus raffinée de l’univers», écrit alors le journaliste Émile Gautier, avant d’enchaîner sur une énumération morbide des déchets organiques qui ont été retrouvés dans la Seine en une année: «2.021 chiens, 977 chats, 2.257 rats, 507 poulets et canards, 3.066 kilogrammes d’abats de viande, 210 lapins ou lièvres»
En 1921 il est particulièrement conseillé aux baigneurs de fermer la bouche en nageant et de se laver soigneusement après chaque bain. Il est également recommandé d’être vacciné contre la typhoïde.
S’ajoutent aussi les problèmes de pollution engendrés par les eaux sales, provenant notamment de l’engorgement des égouts lors de fortes pluies, qui se déversent dans la Seine. En outre, les pesticides, les nitrates ou l’azote, polluent actuellement le fleuve. Il est vrai qu’aujourd’hui la couleur de ce dernière, les dépôts qui s’y trouvent (bicyclettes, pneus, appareils ménagers et déchets (360 tonnes collectés chaque année!) ne sont pas engageants. Certains s’y essaient au risque d’une amende de 15€…
Actuellement des voix discordantes indiquent que la Seine ne sera pas dans un état permettant le déroulement des épreuves en 2024 et ce n’est pas le fils de la Maire de Paris qui a nagé dans la Seine récemment qui fera changer le diagnostic. La directive européenne qui s’applique impose en effet que la qualité de l’eau comme dans tous les fleuves et cours d’eau soit « propice à la baignade 90% du temps, 4 années de suite« . Ce qui nécessite, concernant la Seine, un budget de 1,6 milliards d’€.
A la mairie de Paris qui se déclare trés engagée sur le dossier, on est optimiste quant aux délais qu’elle s’est elle-même imposée. Ce n’est pas le cas à la préfecture de région Île de France qui souligne que les exigences pour la baignade sont plus élevées que pour les épreuves nautiques des jeux olympiques considérées comme des baignades ponctuelles. Les travaux d’assainissement sont donc fortement encouragés si l’on ne veut plus que les eaux usées se déversent dans le fleuve. A ce titre un bassin de rétention de 46 000 m3 d’eau de pluie est en cours d’aménagement non loin de la Gare d’Austerlitz (coût 80 millions d’€). Enfin la mairie de Paris devrait mener des actions se sensibilisation auprès des Parisiens.
Un énorme chantier donc. La Seine sera-t-elle ouverte à la baignade pour les jeux Olympiques puis à tous ensuite à l’instar du Bassin de la Villette ? Rien n’est moins sûr. A suivre.
Source: Slate du 21 juin 2021