L’acceptabilité en question des décisions liées à l’écologie

Nous avons relaté récemment dans un de nos articles les dispositions du plan climat présenté par la Maire de Paris et qui doit être soumis au conseil de Paris. Bien entendu l’ensemble de ce plan, comme les mesures précédentes relatives au climat (2 plans ont déjà été adoptés en 2007 et en 2018), a été élaboré sans concertation véritable avec les habitants. Ce sont, nous répondra t-on dans les bureaux feutrés de la mairie, des choses qui faisaient partie du programme électoral.  Mais nous avons tous en tête que seuls 17% des inscrits sur les listes électorales ont voté pour l’équipe municipale en place. A l’évidence, il ne s’agit donc pas d’une majorité de Parisiens. Certes publicité a été faite d’une « grande concertation a été lancée à l’Académie (*) du climat » il y a plus d’un an, mais les informations quant aux travaux menés sont restées plutôt confidentielles !

Dans une de ses chroniques, Nicolas Baverez, haut fonctionnaire, avocat et essayiste, se fondant sur de récents résultats électoraux en Europe indiquait que « le télescopage est désormais frontal entre l’écologie et son acceptabilité par les citoyen européens, » ainsi que dans d’autres pays dans le monde, citant « le rejet de la part des classes moyennes urbaines paupérisées « , les agriculteurs remontés contre ce qu’il nomme « la stratégie de la décroissance » qui fait « exploser les prix de l’alimentation et de l’énergie, crée une pénurie de logements, réduit de manière autoritaire la mobilité et génère une bureaucratie tentaculaire qui s’arroge le droit de régler et de contrôler dans le moindre détail la vie des entreprises et des citoyens. » Il ajoute qu’en Europe la transition écologique … montre de plus en plus de signes de fragilité (citant la « déconfiture » de l’éolien et du solaire, les rapprochements ratés d’entreprises, la liquidation de nombreuses start-up non viables etc…).

Selon l’essayiste, et il n’est pas le seul à partager cet avis, « la transition écologique fait l’objet d’un rejet social et politique croissant« , n’hésitant pas à propos de l’Union européenne à parler de « déraison »  lorsqu’il évoque le « Green Deal » taxé de « machine infernale » qui « favorise la délocalisation des industries, des capitaux et de l’emploi vers les Etats-Unis« , tout en précipitant « la classe moyenne dans la précarité et la pauvreté. »  Il ajoute enfin que sur le plan environnemental, la création en nombre de centrales à charbon, tant en Inde qu’en Chine, rend inefficace la baisse des émissions de CO2 en Europe. Il conseille à cette dernière dont fait partie la France de rompre avec des « objectifs et des calendriers irréalistes » afin de se donner du temps, tout en tenant compte des autres pays. « La transition écologique reste indispensable. Mais elle se fera avec les citoyens ou ne se fera pas. » conclut il.

Nous faisons assez nôtres ces constats et pensons qu’ils s’appliquent de la même manière à Paris. Dès qu’il est question d’écologie, il faut se concerter de façon sérieuse, organisée, en fixant des objectifs consensuels et réalisables. Rien n’est pire que les décisions autoritaires ou de prétendre qu’il y a eu concertation quand elle n’a pas vraiment eu lieu. Le Parisien en Français frondeur aura alors bien plus de mal à accepter ce qui lui est imposé s’il n’y a pas été associé. Enfin, il faut toujours se demander si l’application d’une décision est viable en listant et en pesant les fameux avantages et inconvénients qu’elle induit. Non préparée, assenée brutalement sans expliquer le pourquoi du comment, toute décision est alors appelée à être contestée. Sur ce plan la mairie de Paris a bien de progrès à faire et ce ne peut-être à « l’Académie (*) du climat » installée dans l’ancienne mairie du 4e et dont on nous rabat tant les oreilles, de servir de justification des actions contenues dans le plan climat.

(*) Définition du nom « académie » dans le Larousse: « Société savante dont les membres se consacrent à une spécialité… » !

 

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