Rendu le 22 janvier dernier, l’avis du Conseil d’Etat est défavorable sur le projet de la ville de Paris de construire 3 passerelles habitables sur la Seine afin d’y aménager des commerces, bars, restaurants ainsi que des jardins, à l’instar du Ponte Vecchio de Florence ou de ce qu’était le Pont Neuf il y a quelques siècles et dont les constructions ont fini dans la Seine. C’est le journal Le Monde daté du 16 février sous la plume de Grégoire Allix qui a donné l’information restée dans les bureaux feutrés de la mairie. Cette dernière souhaitait semble-t-il vérifier la solidité juridique du concours international d’urbanisme « Reinventing Cities ». Qu’y-a-t-il tant à réinventer dans une ville où nombre de chantiers sont en plan? Ce type de montage au travers de partenariats public-privé permettait de ne pas obérer les finances de la capitale déjà mal en point. Le Monde n’hésite pas à avancer qu’il s’agit « d’un camouflet pour la ville » et rappelle que « le principe : proposer des terrains à des groupements concurrents d’investisseurs et de promoteurs, leur laisser une grande liberté dans la programmation du contenu en les poussant à innover, et choisir le « meilleur » projet plutôt que l’offre financière la plus élevée…est un …modèle, qui brouille les frontières entre commande publique et marchés privés… Appliquée à une opération d’urbanisme sur un espace public aussi complexe que la Seine, la procédure trouve ses limites… »
Pour le Conseil d’Etat cette opération relève de la commande publique qu’elle soit analysée comme telle ou en tant que concession nécessitant une publicité préalable qui n’a pas été faite.
Si la mairie persistait dans sa volonté d’installer de telles passerelles, le centre de Paris serait concerné par celle qui relierait le Jardin Tino Rossi dans le 5e au quartier Morland, elle devrait donc se plier aux règles en vigueur qu’elle n’a pas suivies et que vient de lui rappeler le Conseil d’Etat. Officiellement la mairie réfléchirait donc sur les moyens de ne pas abandonner le projet et la suite à donner dans le cadre peut-être d’un partenariat avec Ports de Paris.
Il faut que les édiles parisiens ne perdent pas de vue non plus que les berges de la Seine sont classées par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité et que ce paysage unique doit être préservé. Est-il besoin de s’entêter sur un projet dont l’utilité reste à démontrer (il existe déjà 37 ponts et passerelles !), provoque l’insatisfaction de nombreux Parisiens dont des architectes qui ont créé le collectif « la Seine n’est pas à vendre » et ne profiterait qu’aux touristes et professionnels de la fête tout en servant des intérêts mercantiles.
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