Le dilemme des masques de protection usagers jetés sur l’espace public

Depuis le début de la pandémie nos trottoirs et nos rues sont parsemés de masques usagers que des porteurs indélicats, irresponsables et peu respectueux de leur concitoyens n’hésitent pas à jeter aggravant la malpropreté, la pollution et ajoutant du travail aux équipiers chargés du nettoyage de l’espace public.

France Nature Environnement a lancé le 18 juin dernier une campagne de mobilisation à la réduction et au traitement des déchets à travers ce masque de protection dit FFP2 devenu selon cette association « le nouveau sac plastique« . En effet 3,4 milliards de ces masques, constitués en majorité de polypropylène (matière plastique), sont utilisés chaque jour dans le monde, soit pour la France en 2020,  40 000 tonnes (source Direction Générale de la Prévention des Risques). Mal traités, ils  peuvent terminer leur vie dans les océans où ils s’ajoutent aux plus de 11 millions de tonnes de plastiques qui y sont déversés chaque année. Et d’ajouter « s’ils ne sont pas traités correctement, ils peuvent passer par les égouts, qu’ils obstruent le cas échéant, les rivières, puis les plages et les mers. Sous l’effet des UV et de l’eau de mer, ils se désintégreront en microfibres de plastique de plus en plus petites – jusqu’à 173 000 fibres plastiques de ce type peuvent s’échapper chaque jour d’un seul masque après un séjour d’une semaine en mer. Ils entrent ensuite dans la chaîne alimentaire de la faune marine et en bout de course dans notre alimentation. » Les masques ne sont en effet pas recyclables et mettent 450 ans pour se décomposer. De plus ils s’ajoutent aux mégots eux aussi trés polluants et longs à disparaître.

La bonne solution pour un porteur est de n’utiliser que des masques en tissu lavable. Sinon il faut placer son masque usagé à l’intérieur d’un sac-poubelle hermétique avant de le mettre dans un conteneur destiné à la récolte des ordures ménagères non recyclables puis ils sont soit incinérés à hautes températures, soit totalement désinfectés avant d’être considérés comme des déchets classiques et enfouis. Dans les établissements de soins d’ailleurs ces masques sont considérés comme des « déchets d’activités de soins à risques infectieux et assimilés (DASRI) ». La « Mission Flash » qui a travaillé sur les masques usagers a fait un compte rendu de ses travaux à l’Assemblée nationale en janvier et recommande d’encourager les initiatives locales

A Paris, les services de Colombe Brossel, adjointe en charge de la propreté, ont décidé de collecter ces masques dans les mairies d’arrondissemen tet ce sont les entreprises de l’économie solidaire et sociale Fast Road et ANRH qui après retrait de la barre métallique et une quarantaine de 4 jours minimum les acheminent à l’entreprise Plaxtil.  Cette société a été retenue pour les broyer dans un tunnel d’ultraviolets, pendant plus de 30 secondes, afin de les transformer en matériel de géométrie pour les élèves de la ville de Paris.

Cette solution est louable mais reste insuffisante et ne va pas assez loin, c’est pourquoi de grandes enseignes se sont lancées dans la collecte au même titre que les piles électriques mais il faudrait encore plus de points de collecte.

Ecœurés par le nombre de masques qui jonchent la ville (parcs, trottoirs, rues…), des habitants se sont lancés dans des séances de ramassage, en particulier en rejoignant l’association mondiale « Cleanwalker » qui organise sur tous les continents des actions de nettoyage (forêts, plages, villes…).

Nos quartiers n’avaient pas besoin de cette nouvelle pollution qui est malheureusement le fruit du développement considérable des incivilités. Il existe bien depuis juin 2020 une amende pour ceux qui jettent des masques, gants, mégots et autres déchets sur l’espace public mais encore faut-il prendre les contrevenants sur le fait ? Mission quasi impossible.

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