Le dossier sensible et complexe du logement

Régulièrement le dossier de l’immobilier, qui est depuis des années un sujet sensible en France et plus particulièrement à Paris et en région parisienne, fait l’objet de commentaires divers au gré des publications statistiques, des déclarations des politiques ou de débats en particulier lors des périodes pré électorales comme celle que nous connaissons présentement.

Récemment l’AFP relayait des informations fondées sur les données fournies par les notaires en relation avec l’INSEE dressant un bilan du marché français du logement rendu public précisant qu’en 2019 et pour la 4ème année consécutive, le prix des logements, notamment anciens, a augmenté de 3,7%. Parallèlement le nombre de transactions qui s’était stabilisé en 2018 remonte, les grandes métropoles de province étant désormais touchées par cette tendance… Paris continue cependant à faire figure d’exception, enregistrant une progression de 7%, le prix moyen du m2 a dépassé 10 000 €. La région parisienne étant emmenée dans ce mouvement (+ 3,9 % en Ile de France ).

Ce dynamisme n’est pas sans conséquence. Tout d’abord les annonces des candidats à la mairie de Paris fusent et se résument à une surenchère qui n’est pas de bon aloi et les propositions sont souvent contradictoires…

Les uns vantent le plafonnement des loyers quand d’autres avancent l’idée d’un gel pur et simple. Le scepticisme demeure quant à verser 100 000 € d’apport aux ménages parisiens, idée qui a d’ailleurs fait long feu. La question de la transformation d’immeubles de bureaux en logements d’habitation qui revient fréquemment aurait en tout état de cause un effet marginal.

Il est difficile de faire fi du principe de réalité. Tous les experts sont à l’unisson sur le fait que les causes de la hausse de l’immobilier vont persister. Différentes raisons sont avancées, telle une offre de crédit bon marché et abondante malgré les mises en garde des autorités financières sur les risques encourus par les banques et les établissements financiers qui octroyant ces prêts avec une faible marge. Mais il s’agit de la conséquence de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne qui depuis 2015 déverse des quantités énormes de liquidités sur les marchés en rachetant de la dette… Certaines tribunes de presse laissent transparaître que depuis peu les banques deviendraient davantage frileuses et appliqueraient des conditions plus strictes pour octroyer des crédits immobiliers ? Cela reste à démontrer. La seconde raison de la hausse des prix est sans aucun doute le niveau trop bas de mises en chantier de logements, devenu une caractéristique endémique de notre pays. A Paris, le manque de foncier est souvent souligné face à ce type d’objection et on ne peut pas nier l’effort entrepris en matière de création de logements sociaux quoique ne nous paraissant pas le réponse idoine à cette problématique, le manque de logements intermédiaires est bien réel.

N’oublions pas non plus la majoration des prix causée par les nouvelles et multiples normes environnementales contraignantes touchant les biens immobiliers. Citons également l’effet pervers des locations touristiques qui contribuent, nonobstant les désagréments qu’elles apportent aux riverains – le centre de Paris est bien « servi » sur ce plan – à raréfier l’offre et donc à accentuer la montée des prix. Pour réduire cette incidence néfaste, il importe de pouvoir mettre en œuvre une réglementation bien plus sévère que celle menée actuellement afin de réduire le nombre de logements inoccupés (qui comprenne ceux destinés à la location touristique) dont le nombre  est évalué par la Ville à 17 %, soit 232 000 (chiffres de mars 2019).

Il n’empêche que notre pays (y compris la région parisienne toute entière), qui a pourtant affiché en 2019 plus de 1 000 000 transactions immobilières, souffre du manque de logements et de prix de plus en plus vertigineux à l’achat comme à la location. Notons pour finir le paradoxe qui se fait de plus en plus jour dans le discours des candidats, la fin souhaitée de la bétonisation à tout va ? Nous sommes d’accord ! Mais alors ne sombrons-nous pas dans la quadrature du cercle ?

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