Le théâtre de la Gaité lyrique, dont le prestige passé n’est plus, fait l’objet une nouvelle fois de l’actualité. L’établissement est squatté par des migrants depuis le 10 décembre et a dû en conséquence suspendre sa programmation. Un manque à gagner substantiel. Le théâtre, au risque de fragiliser sa situation financière (le budget ne comporte que 30% de subvention de la ville, le solde étant assuré par ses propres recettes) ne souhaite pas faire évacuer les 300 migrants mineurs qui occupent ses locaux. Est invoqué le fait de ne pas ajouter les rigueurs de l’hiver à la détresse, malgré des conditions sanitaires que l’on peut estimer très précaires et qui jour après jour se détériorent. Aucune dégradation, aucune situation d’insécurité ne sont semble t’il à déplorer ?
Certes le lieu est connu pour être ouvert aux immigrés et à la pointe de programmations relatives aux problématiques liés à la migration invitant des personnalités à débattre sur ce thème. D’ailleurs on peut lire sur le calicot qui orne la façade du théâtre où Offenbach a créé et dirigé plusieurs de ses œuvres « Urgence logement, mineurs isolés à la rue!« . Il semblerait que certains de ces mineurs dont la prise en charge par l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) est obligatoire, ne le soient pas tous. Des recours pour réévaluer l’âge des personnes concernées ont été lancés par les services sociaux de la ville de Paris qui estiment qu’ils s’agit pour beaucoup de majeurs. Ce qui n’est pas acceptable par les migrants. Ils demandent en effet que la « présomption de minorité » soit la règle pour bénéficier sans discussion de l’ASE… Une situation qui ne facilite pas la résolution de cette occupation.
Car d’un côté, c’est au propriétaire du théâtre de saisir les autorités judicaires et la police. Il semble que ce ne soit pas le cas bien que la préfecture ait qualifié cette opération d’« illicite ». De l’autre, les migrants veulent être hébergés dignement et de façon durable. Aussi, par le biais de médias, ils s’en remettent à la Maire de Paris qui elle même s’en remet à l’Etat. Autant dire la quadrature du cercle ! Ce n’est pas ainsi qu’une solution va être trouvée si les décideurs, élus et représentants de l’Etat notamment ne se mettent pas autour d’une table pour sortir de cette impasse. Impasse il est vrai qui n’est pas nouvelle, ce cas de figure est fréquent. Ce qui l’est moins c’est l’occupation de ce lieu emblématique qui depuis des décennies peine à trouver sa voie et à recouvrer son âge d’or malheureusement perdu. Comment imaginer aujourd’hui qu’il fut un temps le temple de l’art lyrique où se pressait le tout Paris ?