Commenté par la presse depuis sa récente sortie en raison du débat qu’il suscite sur l’art contemporain, le livre du normalien et philosophe Benjamin Olivennes intitulé « L’Autre Art contemporain, vrais artistes et fausses valeurs » paru aux éditions Grasset n’est pas passé inaperçu.
L’auteur s’exprime de façon directe, « L’art contemporain est d’emblée accepté immédiatement par tous les pouvoirs en place : le pouvoir de l’argent, du marché, des grandes fortunes et le pouvoir des institutions publiques -de l’État, de la bureaucratie-. […] Ce que j’appellerai les « artistes véritables » éclairent toujours le réel d’une manière nouvelle ; ils renouvellent notre vision du monde et ce faisant ils perturbent notre vision et demandent à notre œil de s’accommoder. […] A contrario, les artistes dit contemporains ne renouvellent en rien notre vision du monde. Ils ne font que singer ce que sont les œuvres d’art depuis une centaine d’années et de reproduire dans leurs œuvres les signes et les objets de la société de consommation. »
Les critiques de Benjamin Olivennes tendent à démontrer que « l’aspiration à la beauté a disparu […] Le XXe siècle aurait été avant tout le siècle des avant-gardes, chacune ayant été plus loin que la précédente dans la remise en cause de notions comme la figuration, la beauté, et même l’œuvre. » Il n’empêche que selon lui , ces 50 dernières années, des artistes « ont continué de représenter le monde et de chercher la beauté. » mais ils sont ignorés des institutions culturelles et du grand public. « Ces artistes sont les sacrifiés de l’art contemporain, les véritables artistes maudits de notre époque. ». L’auteur entend fournir un manuel de résistance au discours sur l’art contemporain comme le montrent les quelques passages repris ici. Iconoclaste pour les défenseurs de l’art contemporain officiel, l’auteur a le mérite, avec son éclairage d’érudit, de porter à nouveau ce sujet sur la place publique.
Que l’on ne s’y trompe pas, cet ouvrage rappelle que les doctes spécialistes de l’art dit contemporain n’acceptent pas la critique et souvent au lieu d’éclairer le néophyte le noient d’explications dans le seul but de lui imposer leurs propres vues. Sorte de pensée unique qui doit s’imposer à tous, tout est fait pour oublier qu’une œuvre d’art, quelle qu’elle soit, doit avant tout plaire à celui qui l’examine. C’est-à-dire lui faire ressentir des sentiments et la beauté. Beauté dans son sens général, de la construction au travail de l’artiste qui en est l’auteur.
Henriette Gomès, propriétaire de la célèbre galerie du Cirque au 6 de la rue éponyme, que j’ai eu la chance de connaître, avait su découvrir le talent de Balthus et disait à l’envi qu’ « une œuvre, au-delà de toute autre considération devait plaire à l’œil de celui qui la regardait« , c’est ce qu’elle appelait la beauté.
Aussi lorsque nous critiquons comme beaucoup d’autres personnes des tags réalisés sur commande municipale, les 6 douches de 13 m de haut des frères Ronan et Erwan Bouroullec sur le Rond Point des Champs Élysées, les Tulipes de l’américain Jeff Koons situées dans les jardins des Champs-Élysées près du Petit Palais ou la grossière statue en fer représentant les architectes de Beaubourg, Renzo Piano et Richard Rogers place Edmond Michelet, ne sommes nous pas proches des conclusions de l’analyse faites par Benjamin Olivennes ?
Un livre éclairant à lire absolument!
A propos de ce que vous nommez très justement les « douches » du rond-point des Champs Elysées, savez-vous ce que sont devenues les jolies fontaines antérieures qui étaient, je crois, de Lalique ?
Elles doivent avoir rejoint le dépôt des œuvres du passé… comme les si jolis dauphins en bronze de la place de la République !