Suppression des places de stationnement automobile à Paris, est-ce une si bonne décision ?

L’annonce est désormais officielle, d’ici la fin de la mandature de l’équipe municipale en place, ce sont 70 000 places de stationnement qui devraient être soustraites des 140 000 existantes. L’adjoint EELV, David Belliard en fait son cheval de bataille. La guerre contre l’automobile continue donc et s’oriente vers plus de radicalité.
Mais ne nous leurrons pas, derrière cet effet d’annonce,  l’utilisation des places ainsi libérées qui est prévue, et ce malgré le questionnaire « participatif » sur lequel nous nous sommes déjà exprimés n’a qu’un but, substituer à la pollution par les voitures celle par les terrasses (bruit, dégradation, malpropreté, difficultés de circulation et alcoolisme). Paris deviendra ainsi la ville où la densité des terrasses au m2 sera sans doute la plus forte au monde. C’est ce que vise depuis des années l’équipe municipale puisque nous ne répéterons jamais assez que le but recherché est de faire de Paris la championne de la fête au plan international ! Curieux objectif alors que la ville perd son charme et toute ce qui faisait sa spécificité et que la crise sanitaire est passée par là, les priorités ne sont-elles pas devenues tout autre.
Et quelle aubaine pour les propriétaires privés de places de parking, ils vont pouvoir louer à un prix plus élevé puisque la rareté de l’offre créera mécaniquement une hausse des loyers! Ce ne sont pas les propos se voulant rassurants de David Belliard prétendant que la récupération de places souterraines avec création d’un groupe de travail pour en faire l’inventaire qui pallieront cette évolution. Ni d’ailleurs la différenciation des tarifs entre le stationnement sur la voirie qu’il veut plus cher par rapport à celui des places en sous-sol ? Une nouvelle fois des décisions « écologiques » insuffisamment réfléchies et travaillées en amont vont mettre de côté ceux qui en pâtiront le plus c’est-à-dire les artisans et les commerçants, les livreurs et les franciliens qui ne peuvent se déplacer en transport en commun…
En ce qui concerne les habitants qui auraient plébiscité le questionnaire de la mairie, sont-ils conscients des nuits difficiles qu’on leur prépare? Les piétons vont constater à leurs dépens que la multiplication et l’extension de terrasses sur les places libérées engloberont davantage d’espace public, réduisant d’autant leur champ de déplacement. L’exemple de terrasses éphémères en est pourtant un avant-goût, Nous comprenons aussi que cette décision s’est faite sans concertation avec la région. Paris apparait au travers de cette orientation plus que jamais comme une « chasse gardée », un « village gaulois ».
Quant à la volonté municipale de vouloir réguler le stationnement des deux-roues motorisés en rendant le stationnement payant, la gageure est de taille. Car par le passé la Maire de Paris  n’y est jamais parvenue et a toujours reculé devant la mobilisation des motards qui ne devraient pas cette fois encore se laisser faire. Alors que la voiture est menacée d’interdiction de rouler ou presque, les motos qui polluent tout autant, voire davantage sont peu inquiétées, leur contrôle technique ne sera rendu obligatoire que l’an prochain.
Dernière réflexion enfin, la volonté d’éradiquer l’automobile ne semble pas avoir intégré le fait que dans quelques années, très proches selon les spécialistes, la plupart de véhicules seront électriques. Alors faut-il aller si loin et bannir la voiture à ce point ?  Mais il s’agit là d’un autre paradigme pour lequel la mairie n’a pas cherché à remettre en cause ses certitudes…

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