C’est en 1862, à la demande du baron Haussmann, que l’architecte Gabriel Davioud acheva la construction, sur le même plan, du Théâtre du Chatelet et de son pendant, le Théâtre de la Ville. Une salle de spectacle de 1 500 places (le Chatelet peut en revanche accueillir 2 500 spectateurs). Il abrita dès son ouverture la troupe du Théâtre Lyrique (ex Opéra National) qui se trouvait au 72, boulevard du Temple et fut détruit pour permettre le percement de la place de la République. Les artistes étaient dirigés par le trés sérieux Léon Carvalho puis par le chef Jules Pasdeloup (qui donna son nom au célèbre orchestre éponyme). Ces deux personnalités y feront donner des œuvres de Bizet (Les pêcheurs de perles…) de Gounod (Mireille…) de Berlioz (Les Troyens..) ainsi que de Weber, Wagner, Donizetti … Des programmes qui contrastaient avec les œuvres mièvres et farfelues tombées dans l’oubli produites sur la scène du Châtelet (Pif Paf Pouf, La Faridondaine, Les Pilules du diable…). Durant le siège de Paris en 1870, le théâtre doit fermer ses portes puis subit malheureusement les dégâts de la Commune, comme l’Hôtel de Ville ou le Palais des Tuileries, il est incendié en 1871. Il est reconstruit en 1874 à l’identique pour ce qui est de l’extérieur (la photographie reproduite en illustration de l’article date de 1900). L’intérieur en revanche est modifié et le nombre de place limité à 1 000 spectateurs.
Sous différentes appellations (Théâtre Lyrique-Dramatique, Théâtre Dramatique, Théâtre des Nations) il reçoit les comédiens du Théâtre-Italien et de l’Opéra-Comique (la salle Favart ayant brûlé). Mais il bénéficiera d’une renommée particulière à partir de 1895 avec la venue pour le diriger de l’actrice Sarah Bernhardt qui en 1895 a signé un bail de 15 ans avec la Ville de Paris afin d’en prendre la direction, s’y produire et lui donner son nom. Nom qui subsistera sur la façade jusqu’en 1957 (sauf durant l’occupation allemande) pour devenir ensuite Théâtre des Nations puis Théâtre de la Ville depuis 1990. Il est possible de visiter au 2ème étage les meubles de la comédienne (un sofa à sphinx, sa baignoire tube et de nombreux souvenirs liés à l’histoire du théâtre français). Elle restera finalement dans les lieux 25 ans durant. Pendant la Seconde guerre mondiale, Charles Dullin dirigea la salle et y produisit « Les Mouches » de Jean-Paul Sartre. Dans les années 50, le théâtre accueille des invités prestigieux, Bertolt Brecht et le Berliner ensemble ainsi que le Piccolo Teatro di Milano. La compagnie Renault Barraud s’y installe jusqu’en 1967, date à laquelle il est décidé de restructurer durant 2 ans l’intérieur du théâtre. C’est à cette époque que la salle s’ouvre à la création (théâtre vivant, danse moderne, musiques du monde…).
La façade et la toiture sont classées monuments historiques en 1990 et de nouveaux travaux sont engagés à partir de 2016. Ils ne devaient durer que 2 ans, mais différents retards dont celui causé par la pandémie de la Covid n’ont permis la réouverture qu’en mai dernier ! Durant ce temps la programmation a été reportée sur l’Espace Pierre Cardin et au Théâtre des Abbesses qui est rattaché au Théâtre de la Ville.
Pour la saison 2021/2022 le théâtre annonce » 125 rendez-vous de danse, de théâtre et de musique… avec 39 créations (12 en théâtre, 23 en danse et 4 dans le programme jeunesse).«