Le triste état de l’Hôtel de Nevers (2e)

 A quelques mètres de la Bibliothèque Nationale Richelieu au 12 de la rue Colbert (2e) se dresse la silhouette grise et triste de l’Hôtel de Nevers qui forme angle avec le 58 bis rue de Richelieu. En fait du bâtiment  « constitué à l’origine d’une aile de 144 mètres située le long de la rue de Richelieu, il ne reste aujourd’hui qu’un modeste vestige du bâtiment originel » qui est la propriété de la Bibliothèque Nationale.

L’édifice a été construit pour la cardinal de Mazarin qui habitait le quartier dans l’Hôtel Tuboeuf appelé aussi Palais Mazarin où il se rendait peu. Il souhaitait cependant disposer d’une demeure digne de son rang pour y installer non seulement ses neveux et nièces mais aussi ses collections d’œuvres d’art et sa bibliothèque. En 1644, il fait donc ajouter une aile comprenant deux galeries superposées sous la direction de Pierre le Muet assisté de l’architecte italien Maurizio Valperga, ingénieur militaire du duc de Savoie qui a conseillé le grand maitre de l’Ordre de Jérusalem pour la construction de fortifications sur l’ile de Malte. Nous devons de son côté à Pierre le Muet les hôtels Coquet 18 rue Vivienne, l’Hôtel de Saint-Aignan abritant le musée d’art et d’histoire du judaïsme rue du Temple et plusieurs autres, dont certains en province, aujourd’hui pour la plupart détruits. L’Hôtel de Nevers enjambait la rue Colbert comme le montre la photographie jointe illustrant cet article. On aperçoit encore le début des accroches en pierre de l’arc qui enjambaient la rue.

Alors que ce palais fut l’un de plus prestigieux de Paris, ce qu’il en reste aujourd’hui est bien modeste. Le nom d’Hôtel de Nevers tient au fait que le neveu de Mazarin, Philippe Mancini duc de Nevers, hérita et occupa la propriété côté rue Richelieu à la mort de ce dernier. De son vivant une partie est vendue pour percer la rue Colbert. Puis son fils vend à son tour le reste des bâtiments mais son acheteur ayant fait faillite, l’hôtel devient, après avoir appartenu quelque temps au banquier Law, la propriété du roi qui y abrite sa bibliothèque sous l’impulsion de l’abbé Jean-Paul Bignon son bibliothécaire, membre de l’Académie française. L’ancêtre de la bibliothèque nationale était née. Le bibliothèque de Mazarin avait quant à elle été léguée à l’Institut.

Une autre partie est louée à différentes célébrités dont la marquise de Lambert qui y tenait un salon réputé où se pressaient Fénelon,  Marivaux ou Montesquieu, des peintres tels les peintres que Watteau ou Nattier. Le fameux cabinet des médailles du roi a été installé dans l’hôtel de Nevers par Louis XV en 1733. On note aussi la réfection par Robert de Cotte  du grand salon en 1741 décoré avec le concours de peintres prestigieux notamment Van Loo et Natoire.

C’est au XIXe siècle qu’une grande partie de l’hôtel est démontée lors des aménagements de la bibliothèque Richelieu notamment la salle Labrousse. Il ne reste plus ainsi que 3 travées du cabinet des médailles.

Quel avenir sera réservé à cette « partie restante  » de l’Hôtel de Nevers, qui abrite parmi d’autres services l’atelier de serrurerie de la Bibliothèque. Il fait vraiment « tache » dans le quartier et davantage encore après les importants et coûteux travaux de restauration de la Bibliothèque nationale Richelieu ?  Si  le filet de protection sur la façade a disparu, il est fort vraisemblable que son état dégradé actuel se prolonge durant de nombreuses années encore, ce qui est bien regrettable pour un monument classé depuis 1992. Après avoir été pressenti pour devenir un lieu destiné à la photographie,  il serait question de céder ces bâtiments à une université ?

 

Sources: Wikipédia, Paris Promeneurs et articles divers.  

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