Les beaux jours du coworking

Après des débuts discrets puis un certain engouement, le « coworking » s’est fortement essoufflé durant la pandémie de la Covid. Nombreux étaient ceux, y compris au sein du secteur lui-même, qui voyaient la mort de ce qui n’avait été à leurs yeux qu’un « déjeuner de soleil », allant jusqu’à penser que le développement du télétravail travail donnait le coup de grâce. Les thuriféraires devenaient les fossoyeurs…

Or ces prévisions pessimistes, énoncées trop rapidement et très imprudemment, sont démenties par les faits. Au lieu de régresser, voire de disparaître, le « coworking »  financé le plus souvent par de grands groupes spécialisés connaît une embellie inattendue et les ouvertures de sites se multiplient partout en particulier à Paris plus spécifiquement dans notre arrondissement où elles fleurissent.
Ubiq, la plateforme permettant la recherche de bureaux ou espaces de coworking partout en France, dispose de nombreuses données et a réalisé des études sur ce secteur d’activité. Il en ressort que fin 2021 la France disposait de 2787 espaces de coworking, fréquentés en janvier 2020 à 68,00% contre 88,20% avant la crise. Dès le second semestre 2021, le taux d’occupation était déjà revenu à 84,50%! Le marché est dominé à hauteur de 54% par 4 acteurs principaux : Wework, WOJO, Morning et Spaces. Mais d’autres commencent à percer tels IWG (248 sites) Startway (11 sites)… Et les ambitions de ces acteurs sont affichées pour plus de lieux, plus de surfaces si possible plus grandes. A l’enseigne du nouveau site de WOJO Tolbiac dans le 13e arrondissement qui totalise à lui seul 7 475m2! L’Ile de France représente 34% de la surface totale des espaces de coworking et Paris 18% (contre 23% en 2019), la baisse se faisant au bénéfice des régions. Sans doute le résultat des départs de foyers de Paris vers la province qui se multiplient, phénomène que nous avons déjà explicité.
A l’origine créés pour accueillir les free-lance ou les start-up, ces tiers lieux accueillent des employés de grandes entreprises car ces dernières ont remodelé leurs espaces en réduisant le nombre de postes de travail disponibles (la norme devient de plus en plus 3 places pour 5 collaborateurs dans le cadre de la nouvelle mode des « flex offices » ou bureaux en libre service). Aussi constate t’on une baisse de la proportion d’espaces en open space au profit des bureaux fermés dans les coworking. 88 % des postes sont à louer dans des bureaux privatifs fermés et 12% sont en open-space. Certains grands groupes s’installent sur des plateaux entiers de bureaux privés en coworking.
Compte tenu d’une forte concurrence entre les acteurs, tout est donc fait par chacun pour renforcer son attractivité et répondre aux besoins évolutifs des utilisateurs tant en matière de digitalisation, de développement durable, que de bien-être au travail (possibilité de service de crèches, d’accueil des animaux, salles de sport, service de boissons, conciergerie…événements, activités en réseau, partage de connaissances, possibilité de faire la sieste, mobilier très design). Des services spécifiques d’entreprise (ressources humaines, comptabilité…) peuvent être proposés avec des efforts affichés contre le gaspillage (fin des cafés en capsule et de la vaisselle jetable..). Une certaine spécialisation commence à être perçue, comme par exemple le couplage coworking/colocation.
Ou s’arrêteront ces évolutions ? Le coworking a de beaux jours devant lui (beaucoup de salariés l’utilisent quand ils sont en télétravail car chez eux ils n’ont ni la place ni le mobilier ad hoc) mais faut-il assez aussi loin avec de tels investissements qui au final surenchérissent sensiblement le coût du travail? Effet de mode ou tendance de fond. L’avenir le dira mais dans nos quartiers les ouvertures d’espaces de « travail en commun » se multiplient (en photo un espace ouvert récemment 41 rue Réaumur).
Sources: Différents articles de presse et blog Getground

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