Lorsque l’on visite des villes d’Alsace, de Champagne, de Bourgogne ou de Normandie, la vue de rues entières de maisons à colombages, souvent très anciennes, construites selon une technique qui a prévalu depuis les romains jusqu’au XIXe siècle, nous laisse émerveillés par leur état de conservation. Rouen en compte plus de 2000! Rarement mal entretenues car elles représentent un patrimoine spécifique et sont restaurées, tous les détails, colombages, sculptures, poutres, étages en encorbellement, l’ingéniosité des bâtisseurs forcent notre admiration.
Paris ne possède plus que quelques rares maisons de la sorte, le préfet Haussmann et les démolitions engagées pour remodeler la capitale les ont fait disparaître au profit des immeubles que forment notre décor quotidien.
Nous avons néanmoins la chance, 2 de ces édifices subsistent dans notre arrondissement en plein cœur du Marais, rue François Miron (nom du prévôt des marchands de 1602 à 1609) aux numéros 11 et 13, à quelques mètres du magnifique Hôtel de Beauvais. Elles datent selon les explications officielles du XVIe siècle, sans doute construites sous François Ier ou même peut-être Louis XII et ont perdu leur encorbellement au cours du temps, ce qui a réduit d’autant la surface des étages afin de limiter la propagation du feu en cas d’incendie car les étages des maisons étaient à touche touche. Les encorbellements ont en fait été interdits en 1607 par la loi comme les pignons très en saillie sur la rue et qui de temps à autre chutaient. Les propriétaires devaient aussi recouvrir les façades de chaux pour masquer les structures en bois.
L’une des maisons est appelée « à l’enseigne au mouton », l’autre « à l’enseigne au faucheur ». Ces noms servaient de numérotation des maisons. Leur aspect actuel date de 1967 suite à leur réhabilitation, les pignons ayant été redessinés. Mais cette restauration a été critiquée, qualifiée de pastiche par certains voire de dénaturée par d’autres. Elle respecterait assez peu l’esprit du Moyen-Age quant à l’aspect général des bâtisses et des matériaux utilisés. Mais ces derniers ayant vieilli donnent aujourd’hui un aspect ancien qui gomme ces excès. Il n’empêche tel qu’indiqué par le panneau de la ville de Paris retraçant l’histoire de ces maisons que ces deux enseignes « sont attestées au début du XVIe siècle et pourraient dater, dans leur état primitif, du début du XIVe siècle ».
Alors sont-elles bien du Moyen- Âge ou bien plus récentes ? A notre avis elles restent très anciennes bien que la restauration n’ait pas été réalisée dans l’épure n’essaieriez pour ce genre de réhabilitation.
Ces édifices ne se visitent pas car ils sont privés.