Les communications et publications de la mairie de Paris (et donc bien entendu Paris Centre), notamment sur son site paris.fr sont percluses de mots en écriture inclusive. Pourtant une circulaire du 5 mai 2021 publiée au Bulletin officiel définit les « règles de féminisation dans les actes administratifs du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et les pratiques d’enseignement » avec application dans les écoles et les rangs du ministère. Elle rappelle qu’il « convient de proscrire le recours à l’écriture dite inclusive qui utilise notamment le point médian pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot employé au masculin lorsque celui-ci est utilisé dans un sens générique« . Pour le ministre de l’éducation d’alors, « il y a un risque énorme avec le point médian quant à la transmission du français« .
Selon cette circulaire en effet, « l’écriture inclusive modifie le respect des règles d’accord usuelles attendues dans le cadre des programmes d’enseignement« . Et ajoute t-il, « on a un énorme enjeu de consolidation des savoirs fondamentaux et l’écriture inclusive vient en barrage de cet enjeu » ce qui n’interdit pas la féminisation des fonctions lorsqu’elles sont occupées pars des femmes.
Cette pratique aux forts relents politiques que s’emploie sciemment à mettre en œuvre la mairie de Paris (des plaques gravées ont même été remaniées à grands frais dans l’enceinte de l’Hôtel de ville) est non seulement contre-productive pour la cause qu’elle dit défendre, mais « nuisible à la pratique et à l’intelligibilité de la langue française. »
Comme le souligne l’Académie française sous la plume d’Hélène Carrère d’Encausse, « une langue procède d’une combinaison séculaire de l’histoire et de la pratique, ce que Lévi-Strauss et Dumézil définissaient comme « un équilibre subtil né de l’usage ». En prônant une réforme immédiate et totalisante de la graphie, les promoteurs de l’écriture inclusive violentent les rythmes d’évolution du langage selon une injonction brutale, arbitraire et non concertée, qui méconnaît l’écologie du verbe… En posant qu’il existerait par principe une corrélation entre le genre des vocables et le sexe de leur référent, les propagateurs de l’écriture inclusive méconnaissent naïvement les règles du genre grammatical, où masculin et féminin ne correspondent pas systématiquement à des catégories sexuées. Ainsi dit-on « une échelle » mais « un escabeau », et dans l’armée « une sentinelle, une ordonnance » ou « une estafette », un marqueur féminin désignant ici des fonctions historiquement masculines. » Elle a surtout « pour effet concret d’aggraver des inégalités.«
Tous les spécialistes estiment que l’écriture inclusive trouble les pratiques d’apprentissage et de transmission de la langue française, déjà complexes. En fait, loin de susciter l’adhésion, l’écriture inclusive apparaît comme le domaine réservé d’une élite ou pseudo élite, inconsciente des difficultés rencontrées au quotidien par les pédagogues et les usagers du système scolaire. « L’écriture inclusive installe ainsi un débat de l’entre-soi cantonné à un périmètre limité, au préjudice des étrangers désireux d’apprendre notre langue telle qu’elle leur est souvent transmise par de grands textes patrimoniaux... » et »… susceptible de renforcer l’anglais comme langue véhiculaire.«
Alors pourquoi s’ingénier dans nos maries parisiennes à vouloir imposer l’écriture inclusive, contre nature d’une certaine manière, qui s’adresse à ceux ayant déjà un bon niveau de français en laissant de côté ceux ne le possédant pas.
Le fameux entre-soi tant critiqué sur d’autres sujets joue ici à plein : « Le microcosme qu’il induit entraîne l’exclusion des autres » (Sylvie Tissot sociologue dans le N° 204 d’avril 2014 Actes de la recherche en Sciences sociales).