Voilà une exposition qui balaie les idées reçues. Son thème porte sur « L’hygiène au Moyen-Age ». Elle est organisée à la Tour Jean Sans Peur et remporte un certain succès. Le lieu fête aussi le 25e anniversaire de son ouverture au public. L’exposition a le mérite de faire « la lumière sur cette époque méconnue… » et « rend compte des diverses pratiques sanitaires et esthétiques… » de cette époque. En réalité parmi les expositions programmées depuis l’ouverture de la tour « L’hygiène au Moyen-Age » est une reprise car elle avait attirée de nombreux visiteurs.
On découvre que nos aïeux prenaient en effet soin de leur corps malgré la vie difficile d’alors. Des fouilles archéologiques, de même que des enluminures et des peintures ont révélé l’utilisation « de nombreux accessoires et récipients, destinés au soin des mains, des pieds, des dents… Les nobles et les plus aisés se souciaient particulièrement de leur apparence…» Les pratiques sanitaires et esthétiques étaient donc courantes. L’image illustrant l’article est une enluminure du XVe siècle conservée à la BNF et montrant une femme se shampouinant les cheveux.
Le parcours de l’exposition est organisé autour de 6 thèmes (approvisionnement en eau, gestion des déchets, propreté corporelle, bains, latrines et médecine hygiéniste
L’exposition nous fait comprendre que « si l’état sanitaire des villes était déplorable, l’hygiène personnelle restait une préoccupation majeure : on prenait des bains, on se lavait les cheveux, on se brossait les dents et on entretenait son intérieur. Car être propre, c’était avant tout préserver sa santé… Si les bourgeois se font apporter leur baignoire dans leur chambre, les habitants moins aisés n’hésitent pas à se baigner soit dans les rivières, dans les fossés de la ville ou même dans leur cuveau à lessive. En ville, existent des bains publics…Chez l’apothicaire ou le mercier, le citadin peut acheter du savon, en pâte molle ou en pain, frappé d’une croix« .
Seulement ce n’est pas à à manière de nos pratiques actuelles. A cette époque on se brossait les dents « avec un dentifrice à base d’os de seiche ». On « utilisait des feuilles de bouillon blanc comme papier toilette » ? On «concoctait des potions à base de plantes médicinales pour se soigner, se purger ou soulager les douleurs, transmettant ces recettes de génération en génération.»
« …L’hygiène corporelle fait l’objet de préceptes nombreux dans les traités de médecine et les livres de bonne manière et cela dès les XIIe et XIIIe siècles. Jamais peut-être avant le XXe siècle, le souci de propreté personnelle n’aura été aussi fort qu’à la période médiévale lorsque chacun pensait que sa santé en dépendait.«
«Les salles de bains privées étaient un luxe réservé aux plus fortunés, et que posséder des latrines personnelles relevait de l’exception ». Il en existe une dans la tour justement ! Rappelons que « la tour est le dernier témoin du palais des ducs de Bourgogne fut édifiée entre 1409 et 1411 par Jean Ier de Bourgogne, dit Jean sans Peur, elle abrite des trésors d’architecture, dont un somptueux plafond sculpté de feuillage, symbole du raffinement de l’époque.»
La question de l’hygiène publique est aussi abordée. « Au XIIIe siècle, Philippe Auguste fait paver les grands axes de la capitale. Au siècle suivant, les Parisiens sont soumis à une taxe pour l’enlèvement des ordures. Le roi Charles VI (1380-1422) fait également promulguer une ordonnance afin que les immondices ne soient pas jetés dans les cours d’eau et que les métiers polluants s’implantent en aval des cités. Malgré toutes ces ordonnances, les rues médiévales restent mal entretenues… Particuliers et professionnels continuent de déverser leurs déchets à même la rue… Le manque de fontaines publiques n’aide pas à améliorer la situation : pour 200 000 habitants, Paris ne possède que six fontaines !…Enfin, les latrines construites au-dessus des ponts ou bien au-dessus des ruelles augmentent encore la pollution. Il faut attendre le XVe siècle pour que des réponses fortes soient apportées à la pollution… » C’est seulement au XVe siècle que paveurs égoutiers et éboueurs se constitueront ne corporation.
Voir cette exposition dans un cadre aussi authentique stimule véritablement l’imagination, tout en nous poussant à nous interroger sur le passé du lieu. Et bonne nouvelle, pour une visite optimale, le billet d’entrée comprend non seulement l’accès à l’exposition, mais aussi la visite de la tour elle-même.
Sources : Sortir à Paris (10 février 2025), Paris.fr (12 mars 2025), site de l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales (article du 12 mars 2025).
20 rue Étienne Marcel (ex 2e)
Jusqu’au 28 décembre 2025. Mercredi. Samedi. Dimanche :13h30 à 18h00.
Pour les visites guidées à partir de 5 personnes, les conférences et le « parcours Paris médiéval » depuis Notre-Dame, concerts et divers spectacles autour de l’exposition contacter le 0140262028.