L’installation des décors de la Chancellerie d’Orléans touche à son terme

Qui se rend depuis quelques jours aux Archives Nationales dans le Marais perçoit une forte effervescence perceptible jusqu’aux gardiens. En effet, c’est aujourd’hui 18 octobre que sera célébrée avec les principaux responsables et les personnalités qui ont permis cette renaissance, l’installation, dans leur nouvel écrin, l’Hôtel de Rohan, des décors de la Chancellerie d’Orléans appartenant à la Banque de France.
Le principal artisan de la réalisation de ce chantier hors normes est Bertrand de Vignaud de la maison de vente Christie’s .
Ce dernier a eu connaissance de l’existence des décors de l’ancienne chancellerie qui avaient été mis en caisse en 1923 à la suite de la démolition  du bâtiment. Bâtiment qui avait été déclassé afin de percer une rue entre la Bourse du commerce et la rue de Valois et permettre à la Banque de France de s’étendre. Cette mise à bat de l’édifice provoqua un scandale municipale et une poignée d’inconditionnels obtinrent de la Ville et de l’institut d’émission qu’une partie des décors soient préservés, sans quoi ceux-ci auraient été perdus à jamais. 
L’Hôtel qui se dressait le long des jardins du Palais Royal était une merveille. Construit en 1704-705 par Germain Boffrand à qui l’on doit notamment l’Hôtel de Soubise, la Bibliothéque de l’Arsenal et le château de Lunéville, il fut remanié par Charles de Wailly (auteur du théâtre du l’Odéon et du château royal de Laeken en Belgique) et décoré par une pléthore d’artistes, Lagrenée, Fragonard, Pajou, Coypel, l’orfèvre Gouthière… Les restes de l’Hôtel (plafonds, parquets, stucs et boiseries  découpés,.. miroirs,  huisseries…) décoraient la salle à manger, une chambre à coucher, le salon et l’antichambre). Ils sont alors stockés dans 102 caisses dans un entrepôt de la Banque de France à Asnières et le projet de remontage prévu est arrêté par la crise de 1929. Dans les années 90,  il est question de placer les imposants décors soit au musée Carnavalet, soit au Louvre voire au domaine de Saint-Cloud. L’inventaire des caisses ne sera mené qu’en 2000 sous l’autorité de l’architecte des monuments historiques Paul Barnoud!
Bertrand de Vignaud qui pendant prés de 40 ans s’est battu avec persévérance pour ce dossier a réussi à obtenir non seulement que le site retenu soit l’Hôtel de Rohan datant du XVIIIe siècle et bénéficiant d’une distribution et d’ une taille voisines de celle de la Chancellerie d’Orléans l’Hôtel, mais aussi la signature d’un partenariat entre la fondation américaine World Monument Fund (WMF), le ministère de la culture et la Banque de France en juillet 2011 pour la réinstallation des décors. Cette date marque le véritable lancement du chantier. L’opération avoisine 15 millions d’€.  Si depuis WMF a fermé son antenne parisienne et s’est retiré du projet, le pilotage et le financement ont été repris par le ministère de la culture. Les travaux sont conduits avec des artisans de haut vol appartenant à des maisons de renom (Ateliers de la Chapelle, Ateliers Arcane…) un second architecte des monuments historiques est venu renforcer l’équipe pour assurer la maîtrise d’œuvre, sachant que toute la difficulté, outre la restauration proprement dite, est d’ajuster avec précision et ingéniosité les décors pour qu’ils s’insèrent parfaitement dans les nouvelles salles auxquelles ils sont destinés.
Reste à attendre l’ouverture au public pour découvrir enfin ces splendeurs. Mais la date n’a pas encore été fixée et la palissade installée dans les jardins de l’Hôtel de Soubise qui empêche de se rendre vers  l’Hôtel de Rohan est toujours en place.

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