Manifeste pour la beauté de Paris. Une petite lueur d’espoir enfin !

Il aura fallu des années de critiques, l’action d’associations d’habitants et surtout de #saccage Paris, même si la Mairie prétend avoir travaillé le sujet bien avant cette dernière polémique, pour que nos édiles se résignent ( le mot n’est pas trop fort) à considérer que bien des aménagements et des choix qu’ils ont jusqu’à présent engagés depuis qu’ils sont aux manettes ne correspondaient pas aux attentes des habitants. Nous l’avons répété maintes fois, notre capitale devient moche et n’est plus ce qu’elle était, au grand dam de ses amoureux. Les touristes qui n’avaient pas revu Paris depuis une dizaine d’années et qui reviennent se disent choqués et tristes de voir ce qu’est devenue « l’ex plus belle ville du monde ».

Lassée sans doute par les critiques qui fusent de toutes parts mais aussi consciente des risques que cela lui fait courir en termes d’élections futures, la mairie a lancé la rédaction, sous couvert de concertation afin d’habiller d’un peu de démocratie, le « Manifeste pour la beauté de Paris ».  Deux  ans de travail auraient été nécessaires pour venir à bout de ce guide d’entretien de l’espace public qui sera la bible des services de la ville et des concessionnaires (Enedis, SNCF, JCDecaux, La Poste …). Ce pensum « extrêmement technique » de 4 tomes et 476 pages (?) vise…  » à travailler les doctrines d’intervention dans l’espace public et à remettre à plat la transversalité du protocole d’intervention » selon Emmanuel Grégoire.

Nous avons hâte d’en prendre connaissance. Si on se fie aux explications données, le premier tome fait l’éloge de ce qui est beau à Paris, le deuxième s’attache à recenser les spécificités des sols, le troisième  est consacré aux objets, et le dernier, qui sera prêt en même temps que le nouveau Plan local d’urbanisme (PLU) bioclimatique.

Il est précisé qu’en parallèle de ce manifeste « un poste de DGS adjoint chargé de l’espace public (Directeur général des services, ndlr) a été créé dans toutes les mairies d’arrondissement, un protocole de bonne tenue des chantiers a été mis en place et une plate-forme cartographique recensant tout le mobilier parisien a également été mise en ligne.« 

L’application de ce manifeste devrait en toute logique conduire à préserver le mobilier ancien (les kiosques à journaux enlevés systématiquement seront-ils remis à la place de ceux bien communs qui les ont remplacés ?) et à supprimer en revanche ce qui est en dysharmonie, comme les entourages en tous genres si piteux des arbres ou les bancs de types « traverses de chemin de fer », les sièges champignons ou mikados.  Le désencombrement de l’espace public tant de fois annoncé devrait lui aussi être engagé. Mais cela ne va t-il pas générer encore plus de surfaces sur lesquelles la mairie va s’empresser d’autoriser des terrasses estivales ?  On  nous promet que le tri sera fait lui aussi sur les panneaux de signalisation en nombre pléthorique et sur lesquels sont apposés stickers et tags. Même les feux tricolores scotchés et brinquebalants seront réparés ou remplacés !

Les poubelles  (près de 22 000) quant à elles seront une nouvelle fois changées par un nouveau modèle compactant anti rats appelé  » cybel » (‘voit photo illustrant l’article) dont plusieurs centaines d’exemplaires sont déjà disposés sur l’espace public.

La mairie veut se montrer efficace et rapide sur ces changements annoncés mais elle avertit que les « améliorations ne seront visibles que dans plusieurs années … ».  Elle veut aussi en finir avec les délimitations si affreuses des pistes cyclables installées à la hâte pendant la pandémie.

Espérons que cette nouvelle doctrine n’apparaîtra pas au fil des mois comme un voeu pieux, la mairie restant sur ses choix tant décriés. Car à Paris, entre effet d’annonce et traduction dans les faits il existe trop souvent un monde. Nous pourrons juger rapidement si vraiment, ainsi que le prétend l’équipe municipale, elle  « construit le Paris de demain, avec et pour tous les Parisiens. » Elle ne cache pas en effet qu’elle veut aussi « transformer la ville pour l’adapter face au dérèglement climatique et préserver le patrimoine immobilier, mobilier et végétal. » Aussi l’exercice d’équilibriste qui consiste à vouloir préserver l’entité propre de Paris tout en souhaitant la transformer ne s’avèrera pas simple!
Pour le moment attendons les  résultats du recensement du mobilier historique et la création d’un outil de cartographie et visualisation, ainsi que la publication de l’atlas du mobilier urbain de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur). Signalons enfin que le 21 juin sera inaugurée en bas de la rue du Temple  l’installation du banc Davioud offert à la Ville par ceux qui si justement en avait assez de voir le  patrimonial de notre capitale vendu à l’encan.

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