Montée de colère chez les hôteliers franciliens

Depuis l’arrivée des plateformes de location saisonnière, les hôteliers sont rarement montés au créneau pour défendre leur profession en dénonçant cette nouvelle forme de concurrence favorisée par des frais moindres, des normes bien moins strictes et des conditions fiscales plus avantageuses… Mais la récente mise en œuvre de nouvelles dispositions fiscales (loi de finance 2024 art 27 ter) touchant la profession uniquement en Ile de France, crée une forme de concurrence déloyale, que n’acceptent pas les hôteliers.

De quoi s’agit-il ?

Depuis le 1er janvier la taxe de séjour triple afin de financer les nouvelles lignes de transport en commun. Une ponction faite aux touristes qui paieront 3 € par personne au lieu de 1 € de taxe de séjour lorsqu’ils seront hébergés dans un hôtel 1 étoile et de 5 à 15 € dans un palace. Les professionnels ne manquent pas de faire remarquer que cette taxe représente 20% du prix d’une chambre dans un établissement 3 étoiles et seulement 1% si le client choisit un palace. Les organisations professionnelles dénoncent un manque de concertation de la part des pouvoirs publics, une absence d’étude d’impact et le choix inique des hôteliers pour financer les transports publics.  La profession rappelle qu’elle rechigne aussi à servir de collecteur d’impôts au travers de la taxe de séjour en faveur d’Ile de France Mobilités. La crainte est grande, après les JO, de subir une baisse de fréquentation dans les hôtels, d’autant que les plateformes de type Airbnb ne sont pas concernées par cette taxe, ce qui n’est évidemment pas normal. Néanmoins ne voulant pas faire preuve de trop de radicalité dans leur position, les organismes représentatifs de la profession plaident pour une augmentation plus modérée et davantage tournée vers l’hôtellerie de luxe.

En réaction à la position ferme des autorités et outre la demande de report de la décision, des actions sont envisagées tant auprès du Conseil constitutionnel au moyen d’une QPC (question prioritaire de constitutionnalité) fondée sur la « rupture d’égalité devant les charges publiques« , que de la Commission européenne pour dénoncer une forme de « subvention déguisée« . Bien, que la région IDF affirme que toutes les entreprises, les usagers et les collectivités locales participent au financement des transports en commun, la profession estime être flouée par l’ampleur de l’augmentation imposée.

Ce dossier risque donc de devenir plus brûlant à l’approche des JO où sont attendus de millions de touristes. Tombe t-il à point ou non ? Nous le verrons à l’avenir, mais il est un fait que l’inflation aidant, ce n’est pas une bonne nouvelle pour le secteur hôtelier francilien et on comprend mal que les plateformes de location saisonnière ne soient pas soumises à la même potion ?  Deux poids deux mesures. Alors que la pénurie de logements n’a jamais été aussi élevée dans la capitale et la couronne, que le sur tourisme devient un mal qui devra tôt ou tard être régulé à Paris et que les dysfonctionnements dans les transports en commun n’ont jamais été aussi nombreux et importants. L’hôtellerie parait le bouc émissaire de toutes ces incohérences et des problèmes budgétaires qui fleurissent un peu partout. Il est évident que pour réguler le tourisme la méthode de la sur taxation n’est pas forcément la bonne.

 

La photographie illustrant cet article est celle de l’entrée de l’Hôtel National des Arts et Métiers  243, rue Saint-Martin (ex 3e) 

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