Du magasin Calvin Klein 42, rue des Francs Bourgeois (voir photo illustrant cet article) au bar Cox 15, rue des Archives, le secteur du Marais présente, dans la plupart de ses rues, des vitrines bariolées avec d’immenses vitrophanies de mauvais goût apposées, sans doute pour attirer le chaland au moment où les touristes (tout le moins ceux qui n’ont pas décommandé leur venue en France du fait des émeutes qui ont embrasé le pays) sont les plus nombreux dans la capitale. Ces soi-disant décors, de format impressionnant, au même titre que les amoncellements de fleurs synthétiques multicolores kitch qui fleurissent sur les façades au-dessus des commerces, surtout des bars et restaurants, sans oublier certaines bâches publicitaires tendues sur les échafaudages de certains immeubles en réfection, enlaidissent le quartier historique du Marais, lui donnant un air de carnaval. Pourquoi laisser se multiplier ces installations sans intérêt qui n’ont pas leur place dans nos rues pittoresques ?
Compte tenu de cette situation qui se répète, ce n’est pas la première fois en effet que les commerces cités plus haut « bardent » leurs vitrines de la sorte, on doute, du fait de la permanence de ces affichages, qu’il ait été demandé une autorisation à la Direction de l’urbanisme ni l’avis de l’architecte des bâtiments de France. Et s’ils ont néanmoins donné leur accord, on ne peut que s’en étonner. Ces établissements sont situés dans le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, un secteur réglementé où il n’est pas possible de faire n’importe quoi. Il est important de respecter le passé, ceux qui l’ont formaté .
L’aspect actuel du Marais, connu du monde entier, n’a pas besoin de ces faux faire-valoir pour le mettre davantage en exergue! Tout cela contribue d’ailleurs à le défigurer plutôt que de l’embellir, à le banaliser plutôt qu’à le distinguer. Une forme de non respect, d’incivilité à l’égard du passé et de ceux qui souhaitent au contraire protéger ces lieux de toute volonté de marchandisation. Malheureusement ces derniers ne sont pas aidés dans leur action assaillis de toutes parts par le laxisme ambiant en matière d’autorisations, de dérogations et la volonté de développer la fête, gommant en premier lieu toute vie de quartier au sens premier du terme. La faute aussi au manque de concertation avec les habitants qu’il semble préférable, selon la rue Lobau, de laisser quitter la capitale.
Nos élus doivent se ressaisir et ne pas laisser filer à volo le Paris qui a fait sa renommée, son attractivité et son succès, où la vie des habitants était rendue plus simple qu’aujourd’hui et où ces « décorations » sans intérêt que nous décrions n’avaient pas leur place.