Où s’arrêteront les locations saisonnières ?

Le 24 février 2015 Bruno Julliard alors Premier adjoint de la Maire de Paris recevait à l’Hôtel de Ville avec force tapis rouge le président d’Airbnb, Brian Chesney qui distinguait déjà Paris comme la «capitale mondiale de la location entre particuliers»!

On connaît la suite et ce qu’il est advenu, l’équipe municipale se mordant les doigts d’avoir accordé un tel crédit à la plate-forme américaine. Non seulement elle est devenue source de diminution de l’offre immobilière et un concurrent du secteur de l’hôtellerie, mais elle rayonne de manière tentaculaire dans le monde entier (sauf en Chine) et caracole aujourd’hui en tête des locations saisonnières avec pour la première fois de son histoire la publication d’un profit net annuel de 1,9 milliards de $ pour un chiffre d’affaires de 8,4 milliards de $!  « Thank you Paris » pourrait on ajouter.
La Covid n’a pas changé les habitudes bien au contraire, ces locations ont vite repris, l’offre s’est en plus élargie au point que l’entreprise, après un trou d’air durant la pandémie, est valorisée actuellement à 55 milliards de $. Ce qui fait dire au fondateur et PDG  toujours en place que « 2022 a été une nouvelle année incroyable pour Airbnb », surtout après le licenciement de 25% des salariés durant la Covid !
En ce qui concerne la concurrence avec les hôtels, ce dernier se défend, affirmant qu’il est difficile à la différence des locations d’Airbnb d’y faire venir les familles. Comment faisaient elles alors avant l’arrivée des plateformes de location ?
Analysant les résultats et l’activité le PDG ne cache pas non plus que la tendance est « qu’il va y avoir des centaines de millions de personnes qui voudront voyager dans le monde » pour « … des expériences authentiques… » affirme t’il.  Et comme le pouvoir d’achat est devenu tendu, ce dernier augure d’un nombre encore plus conséquent de logements à louer (*) procurant « …un complément de revenu facile. »  
La mairie de Paris qui avançait que le parc de logements dédié aux plateformes revenait progressivement dans les locations traditionnelles à l’année risque fort de déchanter. Cela va compliquer davantage l’équation déjà bien difficile à résoudre de la question du logement à Paris à l’origine de nombreux départs de la capitale. Et ne n’est pas à coups de logements sociaux toujours plus nombreux (le nouvel objectif selon le Premier adjoint actuel de la Maire serait d’atteindre une part de 40% de l’ensemble des logements), ni de contrôles médiatisés des locations saisonnières irrégulières, que la donne va changer.
D’ailleurs pour attirer davantage le chaland tout est permis pour Airbnb, après les catacombes, il serait question désormais de louer la loge impériale de l’opéra Garnier!!!! Rien n’est trop beau et insensé. Business is business. Parallèlement la plateforme améliore son offre de services (assurance plus favorable, cours de cuisine, visites guidées, séjours longs liés en France au développement du télétravail …), sans oublier d’augmenter ses tarifs.
On se rend compte, l’emprise des plateformes et d’Airbnb en particulier, est telle que nos édiles ne se risquent plus à réglementer davantage cette activité vis à vis de laquelle ils semblent dépassés au grand dam des Parisiens à la recherche d’un logement et importunés par les nuisances nombreuses qui en découlent.  
(*) Fin 2022, la plateforme avance 900 000 annonces de plus référencées en un an, soit au total 6,6 millions dans le monde (Hors Chine). 

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