Nous avons toujours indiqué dans ces colonnes que le budget participatif n’avait de participatif que le nom. Qu’il n’était en fait qu’uns sorte d’habillage pour essayer de convaincre, bien difficilement d’ailleurs, que les consultations avec les administrés sont bien installées dans le fonctionnement municipal parisien. Bien entendu, il n’en est rien. La preuve est à nouveau donnée avec les résultats de l’édition 2022 de ce rendez-vous entre la mairie et les Parisiens. Paris Centre, en effet, a fait un flop puisque par la générosité de nos édiles 2 projets seulement ont été sélectionnés sur les 62 retenus (soit 3,2%) pour un montant de 1,100 millions € sur les 82 millions débloqués (soit 1,5%), c’est-à-dire une peau de chagrin, Une sorte de pourboire qui montre une considération bien indigente à l’égard des habitants de cet arrondissement, devenu un des plus grands de la capitale.
Les 2 projets lauréats portent, l’un sur « (l’aménagement d’un accès aux personnes à mobilité réduite église Saint-Germain l’Auxerrois« [voir photo illustrant cet article], l’autre traite de « l’amélioration du confort et l’aménagement d’établissements scolaires » (notamment un mur d’escalade et la rénovation du gymnase de l’école Béranger et la végétalisation du 4e étage de l’école Saint-Merri).
Comment a été effectuée véritablement la sélection ? Quid de ce qui a bien pu décider le jury à statuer favorablement ou non sur chaque projet ? Quel fil rouge a guidé les « décideurs » ? Quels seront les projets véritablement mis en place et combien resteront à l’état de dossier?
Pendant ce temps consacré à la réception, au classement des dossiers par domaine couvert, l’estimation des coûts engendrés et la faisabilité, des dossiers bien plus urgents sont en plan, n’avancent pas ou sont laissés de côté. Nous pourrions en citer en nombre tout en rappelant que les projets retenus l’an passé dans le cadre de cette mécanique spécifique du budget participatif sont pour beaucoup encore à l’état de dossier.
A y regarder de près et conscient d’un fonctionnement rendu peu clair, on comprend vite que ces demandes correspondent pour la plupart, excepté quelques projets gadgets, à des aménagements que la mairie aurait dû et pu réaliser sans passer par cette sorte de concours factice qui lui permet de gagner du temps, voire de masquer les insuffisances de son action. En fait nous nous retrouvons dans une configuration ubuesque, la mairie ne lançant pas certaines opérations demande aux habitants d’y pallier sous prétexte de leur faire exprimer leurs souhaits… Souhaits pour lesquels on leur fait accroire qu’ils seront écoutés. Evitons de parler des déceptions nombreuses qui naissent ensuite chez les candidats malheureux qui ont vu leur dossier retoqué ou très modifié!
Ce modus operandi est vraiment inadapté et dépassé. Il apparait inique dans notre société où nous prônons l’équité dans tous les domaines et sous toutes ses formes. Il est un tantinet scolaire et petit bras. Beaucoup savent que la transparence dans le choix des « gagnants » n’est pas le point fort de ce processus. Et puis faut-il véritablement passer par ce genre de loterie pour décider tel ou tel projet ? Ne devrait-on pas davantage procéder à des choix raisonnés dans le cadre de plans d’action définis à l’avance et déclinés ensuite sans éparpillement et saupoudrage ? Des progrès significatifs sont à faire dans ce domaine indubitablement .