« Paris n’est pas un produit recyclable »

Dans une interview remarquée du Figaro du 29 septembre dernier, l’écrivain Jonathan Siksou (*), passionné d’histoire qui vient de publier un livre intitulé « Capitale » aux Editions du Cerf,  se lamente sur le sort réservé à  notre ville au travers du prisme du Paris disparu résumé par l’expression « Le Paris passé à travers le Paris présent« . Rendant hommage aux  auteurs qui nous ont précédés, Jonathan Siksou  insiste sur le fait que « raconter l’histoire de Paris c’est raconter l’histoire de France. » Il souligne aussi que  notre capitale est « un conservatoire sans pareil… Monuments, immeubles, églises, ponts et ruelles » ajoutant que de l’Hôtel de la Marine « D’un coup d’œil vous embrassez l’Antiquité de l’Obélisque, le XVIIe siècle des Tuileries, le XVIIIe siècle de Gabriel, le XIXe siècle des fontaines d’Hittorff, le XXe siècle du Grand Palais… Et les événements qui s’y sont déroulés se bousculent… Vivre parmi les témoignages historiques est incroyablement enrichissant « . L’auteur n’oublie pas non plus d’expliquer que « Paris a toujours inspiré les artistes, les peintres, les poètes et les chansonniers« 

En comparant notre ville avec d’autres capitales,  il mentionne qu’ excepté pendant la Commune et aussi selon certains avis lors des grands travaux d’Haussmann,  notre ville a été préservée au fil des siècles.

Ceci étant rappelé,  Jonathan Siksou trouve justifiée, comme nous le pensons aussi, l’action de #SaccageParis, allant jusqu’à avouer que le mot est même faible tant la Maire de Paris « impose à la grandeur de Paris la médiocrité, la saleté, l’enlaidissement avec son nouveau mobilier urbain (voir la photo d’un banc devant l’Hôtel de ville illustrant cet article) et ses « potelets » en plastique jaune, sans parler des transports (il est devenu aussi périlleux de se déplacer à pied à pied qu’à vélo ou en voiture,  et les véhicules de secours peinent à emprunter certaines rues) » et d’ajouter « Il y a du mépris chez Anne Hidalgo, un mépris sincère pour notre capitale, pour les Parisiens et pour leur histoire. Sa politique piétine notre mémoire vivante, notre héritage ».

Il conclut l’interview en pointant que « la Maire de Paris esquisse sous nos yeux sa ville du XXIe siècle: un bidonville hérissé de blocs de béton, sans bancs publics et plein de jardinets défraîchis au pied des arbres… une internationalisation de l’architecture doublée d’un discours sur l’urgence climatique, légitime le remplacement du tissu urbain minérale -ses façades de pierres, ses avenues et ses grandes places  – en éco-quartiers éco-responsables… Cette mutation se dote de vocabulaire où l’oxymore est roi. Ce « durable » accolé à tout et à l’architecture en particulier, ne veut rien dire d’autre que jetable et éphémère . N’en déplaise à la mairie,  Paris n’est pas un vulgaire produit recyclable.« 

Ce constat cinglant est sans doute la traduction du désarroi constaté et du fossé qui s’est créé et continue de se creuser entre l’équipe municipale et les amoureux de Paris qui voient leur ville se déliter petit à petit, sciemment, sans être écoutés. Pourtant personne ne peut prétendre faire seul le bon choix ni en avoir le monopole, encore moins lorsqu’il s’agit de Paris. Mais il est un fait que nos élus ne sont plus à l’écoute des habitants ni au petit soin pour Paris. Les étrangers ne disent plus d’ailleurs « Vivre comme Dieu à Paris ! » mais plutôt « Paris ? Quelle catastrophe ! » Les décisions mises en œuvre (comme par exemple l’édification en cours de finalisation des 2 horribles tours « disloquées » Duo) et les annonces récentes de nos édiles ne nous rassurent pas du tout.

(*) Auteur du livre « Rayé de la carte. sur les traces du Louvre oublié » (Editions du Cerf  2017)

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