Petite histoire de la Maison Goyard rue Saint-Honoré

Bien moins médiatisée que sa consœur et concurrente Louis Vuitton, la Maison Goyard installée 233 rue Saint-Honoré dans l’ex 1er arrondissement a été fondée en 1792, sous le nom de Maison Martin, par Pierre François Martin dont la profession était celle de « layetier, coffretier et emballeur« . L’enseigne d’alors indiquait que la maison « Tient assortiment de Caisses et Boîtes, Encaisse avec sureté les Meubles et Objets fragiles, ainsi que Modes, Robes et Fleurs ; Fait les emballages en toile grasse, Toile et Paille ; Fabrique Malles vaches, Porte-Manteaux, il tient aussi des toiles cirées et imperméables, le tout à juste prix ».  La qualité des prestations était telle que le futur grand malletier est devenu « fournisseur officiel de Son Altesse Royale Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, Duchesse de Berry.« 

L’adresse actuelle du magasin historique date de 1834, année où la Maison Martin quitta sa toute première implantation  4 rue Neuve des Capucines (ex 1er) transformée ensuite en rue des Capucines qui deviendra curieusement quelques années plus tard le lieu d’installation de la Maison Louis Vuitton… Sans enfant, c’est un ouvrier de Louis Martin, Louis-Henri Morel qui lui succédera, remplacé à son tour en 1852 par un autre ouvrier entré comme apprenti en 1845, François Goyard. Il prend la relève, durant 32 ans. L’enseigne Morel devient Goyard en 1853. Il restera 32 ans à la tête de la Maison qu’il n’aura de cesse de développer. Le 1er avril 1885 François cèdera sa place en 1885 à son fils aîné Edmond qui n’a que 25 ans.  Sous sa direction « L’enseigne de la maison devient E. Goyard Aîné » et la marque est synonyme d’élitisme. A partir de ce moment Edmond Goyard se tourne vers la clientèle internationale en s’appuyant sur la publicité (voir l’affiche illustrant l’article) et les expositions universelles, tout en ouvrant des succursales à Monte-Carlo, Biarritz, Bordeaux et organisant des représentations à New York et à Londres. En lien avec le fameux carrossier Rheims & Auscher,  il développe des produits destinés aux automobiles…

Quant aux accessoires pour chien (paletot, lunettes d’automobile, des bottes, colliers, collerettes et laisses, malles-penderies), ils font leur appariation dès 1890 et remportent un énorme succès. La publicité de l’époque n’hésitant pas à avancer que « les chiens les plus chics s’habillent chez Goyard » Même « les chats ne sont pas oubliés avec des nécessaires de brosserie et des sacs … les singes ont droit à quelques accessoires. » Il y a 16 ans ouvrait un nouveau magasin 352, rue Saint-Honoré, en face du comptoir de vente historique du 233. Son nom,  « Le Chic du Chien », une « boutique dédiée aux accessoires pour animaux domestiques perpétuant la tradition initiée à la fin du XIXème. »

Au fil du temps et compte tenu de la qualité des produits proposés, la Maison Goyard est fournisseur officiel de diverses cours (Empire russe, Royaume Uni …) de personnalités diverses, d’artistes connus et d’industriels de renom. Des Romanov aux Grimaldi en passant par Picasso, Sarah Bernhardt, Édith Piaf et Arthur Rubinstein

1892 voit naître la Goyardine, la toile enduite à motif aux pointillés (inspiration des bûches flottant sur les fleuves et les rivières), « un triple chevron juxtaposé qui dessine une succession de Y, lettre centrale du patronyme Goyard. »… » Puis les 3 branches du Y : seul son nom émerge de l’application claire, l’adresse utilise deux tons de brun avec Paris répété dans une symétrie centrale. Il est le premier malletier parisien à incorporer ainsi le nom de son enseigne à sa toile. » Les médailles ne cessent en suite de tomber à partir de l’exposition universelle de Paris de 1900.

Robert le fils d’Edmond dirige la boutique jusqu’ en 1979.  « Il fait considérablement évoluer la gamme des produits en développant une nouvelle toile. Il met au point une toile tissée dont il dépose le dessin en 1965. Le motif des chevrons est conservé, et la simplification du dessin, nécessaire au procédé, rend la toile vierge de tout patronyme. » On doit aussi à Robert Goyard la création du Comité Vendôme avec Charles Ritz et Louis Boucheron. Comité qui réunit aujourd’hui une centaine de membres attachés à défendre le secteur du luxe français et son rayonnement.

François Goyard et la petite fille de Robert, Isabelle, s’attacheront à poursuivre l’activité jusqu’à la reprise par Jean-Michel Signoles, l’actuel propriétaire qui développera de nouveaux ateliers et de nouveaux points de vente en Europe (Londres), en Amérique (New York, Boston, Beverley Hills, San Francisco…) et en Asie (dont Tokyo, Osaka, Hong-Kong, Séoul, Shangaï, Singapour, Taipei…). Il maintient aussi tout le prestige attaché à cette maison discrète et confidentielle, haut lieu du savoir-faire français et de notre patrimoine en matière de luxe qui réalise toujours manuellement dans ses ateliers de l’Aude, les commandes souvent spéciales comme la fameuse malle bureau.

 

 

Sources: Historique sur le site de la maison Goyard et Wikipédia 

 

 

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