Petite histoire de la Société des Cendres rue des Francs-Bourgeois

La magasin Uniqlo rue des Francs Bourgeois occupe ce qui fut en ce lieu la Société des Cendres dont le nom est resté inscrit sur la façade du n°39.

Fondée en 1859 (alors au 18 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie) sous la forme d’une coopérative par la Société des bijoutiers, joailliers et orfèvres, l’activité était triple, la fonte d’or et d’argent, le traitement des poussières, balayures, boues des ateliers et des cendres (*) des joailliers, des essais et des analyses sur les métaux et les cendres. En 1866 furent construits les locaux que nous connaissons à l’emplacement de ce que fut l’Hôtel Le Tellier ayant appartenu à Philippe de Coulanges, oncle de  Madame de Sévigné, lieu où fut aussi célébré son mariage.

La société devenue SA en 1957 est toujours en activité (elle est implantée à Vitry sur Seine et les services administratifs à Saint-Avertin prés de Tours) mais elle s’est spécialisée dans la distribution de produits orthodontiques. Elle est depuis 2023 filiale du groupe familiale Dental-Emco-Dexter spécialisé dans la conception et la vente de  produits destinés aux dentistes et prothésistes. Unqilo a repris les locaux de cette industrie spécifique du XIXe siècle en 2014.

Il est intéressant de rappeler que « les dentistes, les photographes et les graveurs se joignirent également aux clients de la Société des Cendres. Les déchets de toutes sortes étaient broyés et brûlés sous le contrôle des propriétaires. On pouvait parfois extraire plusieurs kilos d’or d’un quintal de déchets.« 

La structure du bâtiment industriel dont la verrière, ses fermes cintrées et la cheminée en briques de 30 m adossée à la muraille de Philippe-Auguste (voir photo illustrant l’article), a été préservée, de même que la très jolie façade de l’hôtel particulier sur rue, l’ensemble étant classé depuis 2014. Au sous-sol, on peut encore voir les machines utilisées par les « laveurs de cendres » qui servaient à extraire les métaux, la meule à ferrailles sans oublier le four à l’étage. L’horloge et les noms des différents services ( bureaux, concierge…) sont encore visibles au-dessus des portes à l’intérieur des bâtiments. Un bel exemple de protection du patrimoine industriel du XIXe siècle.

Retraçant sur son site sa longue histoire, l’entreprise indique que le téléphone fut installé pour la première fois en 1889, qu’elle a reçu un grand prix et une médaille d’argent lors de l’exposition universelle de 1900,  que le début de la fabrication et de la vente de pièces aux dentistes a débuté en 1920. Une tonne métaux précieux dentaires ayant été vendu en 1930! La fermeture de l’usine du Marais qui employait 25 personnes date de 2002, elle était alors la dernière encore en fonction dans le quartier.

(*) Le terme cendres recouvre l’ensemble des résidus et balayures d’atelier, trop pauvres en métal pour être directement fondus, ayant subi une première préparation (brûlage puis broyage et tamisage) dont on extrait ensuite les métaux précieux après plusieurs opérations complexes de traitement et d’affinage.

 

Sources : Site de la Société des Cendres.  Articles de la Fédération des Moulins de France du 1er janvier 2015 et du blog pour explorer le Paris industriel du 24 09 2011

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