Petite histoire du couvent-prison des Madelonnettes

Rue des Fontaines du Temple, au n°6, une plaque rappelle qu’existait à cet endroit, à partir de 1618, le Couvent des Madelonnettes voué à l’ordre des filles de Marie-Madeleine dont il ne reste plus désormais qu’un pan de mur…

La construction du couvent a duré 20 ans et se termina vers 1640. Elle a été permise à l’initiative d’un riche vigneron, Robert Montri en association avec le curé de Saint-Nicolas-des-Champs et M. de Fresne officier des gardes-du-corps du Roi ainsi qu’un capucin, Athanase Molé. Les fonds nécessaires pour réaliser cette édification provenaient de la marquise de Maignelay (sœur de l’archevêque de Paris Jean-François de Gondi) et d’une rente offerte par Louis XIII. L’objectif de cet établissement était de « recevoir les femmes dites de mœurs légères pour se repentir de leur vie dissolue« .

Malheureusement le lieu « évolua insidieusement vers un établissement plus classique où l’on enfermait sur ordre du roi, des juges, ou simplement à la demande de leur famille, toute femme ou fille soupçonnée d’inconduite; l’exemple le plus célèbre est celui de la courtisane Ninon de l’Enclos , emprisonnée aux Madelonnettes en 1657 à la demande de la reine mère, parce qu’elle « dogmatisait la religion« .  Devenu une sorte de maison de correction le couvent fut transformé en prison à la Révolution. 

Plusieurs ordres de religieuses se succédèrent pour former l’encadrement des pensionnaires réparties dans 3 bâtiments différents. Lors de la Révolution et après la disparition des religieuses dont les biens ont été confisqués, le couvent est fermé et transformé en prison en 1793. Y sont incarcérés des prisonniers politiques et de droit commun. Face à l’augmentation des arrestations les locaux qui étaient conçus pour 200 personnes en accueillirent plus de 300, créant une grande insalubrité! 

Dès 1794, elle redevint « une prison pour femmes détenues pour crimes, délits ou dettes et pour jeunes filles enfermées par voie de correction paternelle. » avec le statut de prison annexe de celle de Saint-Lazare jusqu’en 1831. En 1818 près de 600 prisonnières occupaient les lieux… Une partie d’entre elles était occupées sur place dans des ateliers (linge, cardage …). Les ateliers (tailleurs, chaussonniers, cordonniers, serruriers, ébénistes et… fabrication de baleines pour corsets) se multiplièrent après 1838 année au cours de laquelle la prison,  ayant été vidée de ses prisonnières lors de la Révolution de 1830, devint maison d’arrêt dédiée aux enfants.  Cette situation dura jusqu’en 1865-1866 où il fut décidé pour percer la rue de Turbigo de démolir le couvent/prison, Le lycée Turgot a été construit sur une grande partie de la surface occupée par le couvent des Madelonnettes .

Parmi les autres couvents des Madelonnettes installés en France et en Europe subsiste encore de nos jours celui de Lille 39-41 rue de la Barre. Classé depuis 1974, il abrite des logements et des bureaux. On peut admirer la  belle façade néoclassique de la chapelle (XVIIe).

Sources : Site « Brèves d’histoire », Wikipédia, dictionnaire historique des rues de Paris J. Hillairet,

Illustration : Le couvent des Madelonnettes photographié par Charles Marville en 1865 lors de sa démolition (Musée Carnavalet)

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