Depuis plusieurs années déjà, et davantage depuis le début de la pandémie où le nombre de voies rendues piétonnes a explosé dans la capitale, le sujet de la piétonnisation des rues de Paris et des quartiers du centre parfois dénommé « centre historique » agite beaucoup les élus de tous bords et suscite les commentaires.
L’idée de faire de la capitale une cité promenade sans automobiles mais seulement des transports en commun électriques et des bicyclettes, ne doit pas étourdir l’équipe municipale, sinon elle tombera dans les pièges auxquels mènent l’idéalisme, l’utopie et le dogmatisme malgré l’alibi de vouloir rendre Paris plus vert.
Cette semaine encore, la mairie représentée notamment par David Bélliard (ELV) adjoint de la Maire en charge des déplacements et de la voirie a réuni en visioconférence habitants et journalistes pour dire tout le bien que procurerait ce nouvel oukase municipal. Le maire de Paris Centre très concerné dans son secteur est intervenu dans le débat. En fait, il n’y a pas eu de véritable débat en ce sens qu’il ne faut pas être grand clerc pour savoir que la mairie piétonnise et piétonnisera à tour de bras, Les échanges avec les habitants sont juste des ficelles bien rodées mais aussi éculées pour emballer le sujet aux yeux des naïfs, c’est-à-dire faire accroire à un semblant de « participation citoyenne » .
Les Parisiens savent, sans qu’il eut été besoin de leur expliquer, que ne pourront pas être empêchés dans les quartiers visés le passage des transports en commun, des taxis, des livreurs des artisans qui ont besoin de transporter leur matériel pour aller travailler. Et puis il ne faut pas négliger le nombre élevé de véhicules de police, de secours, de livraison qui devront emprunter ces voies, outre les bicyclettes, les trottinettes, rollers et autres engins de « déplacement apaisé ». Sans oublier les personnes en situation de handicap, les livreurs, les clients des hôtels, les piétons et les motos avec les sempiternelles reculades de la Maire de Paris face à leur colère dès qu’une décision ne leur est pas favorable et en l’occurrence ce sera le cas. Les motards en effet sont déjà vent debout contre la volonté de la mairie de faire payer le stationnement de leurs deux roues, ce qui pourtant parait justifié et égalitaire. Parions donc qu’il sera très difficile de leur empêcher l’accès à cette ZTL (Zone à Trafic Limité) dont on veut faire un bunker qui touchera 4 arrondissements dont ceux situés Rive gauche du nord du boulevard Saint-Germain. C’est peut-être la raison pour laquelle la mairie avance que des « ajustements pourraient intervenir suite aux échanges avec le préfecture de police« . N’oublions pas les riverains qui dans la grande sagesse municipale seront quand même autorisés à rentrer chez eux avec leur véhicule. Ouf!
Oui beaucoup de véhicules transitent par les rues des arrondissements visés par la piétonisation. Selon l’adjoint de la Maire, ils représenteraient entre 40 et 60 % de l’ensemble du trafic automobile selon les heures. Certes ils créent de la pollution mais la mairie n’est-elle pas fautive en ayant rendu la circulation infernale afin de montrer combien ce choix de piétonisation était inéducable ?
Le risque dans ce dossier est que tout cela finisse en usine à gaz ingérable tant les exceptions seront légion. Le plan de circulation sera revu. Pour contrôler faudra-t-il mettre un agent de la DPSP, voire plusieurs, à l’entrée et à la sortie de chaque rue impactée ? Et pendant ce temps, laisser l’insécurité et les incivilités hors de contrôle se développer, en particulier à la suite de la réouverture des terrasses qui ont laissé l’été dernier aux riverains un souvenir cuisant. Lorsqu’un habitant engagera des travaux à son domicile ou dans son commerce, si des dépannages sont nécessaires, comment l’accès sera-t-il possible pour l’artisan ou l’entrepreneur ? Et puis par expérience nous savons que toute voie devenue piétonne favorise l’installation de bars et de terrasses avec les joyeusetés que l’on connait pour les riverains incommodés de jour comme de nuit par le bruit, le sans gêne de clients irrespectueux, la malpropreté voire l’insécurité du fait de l’alcoolisation qui conduisent non pas à remettre du lien social mais créent une véritable rupture sociale. Enfin, n’oublions pas que le trafic interdit à une endroit se déportera sur d’autres rues, d’autres quartiers et l’effet recherché de diminution de la pollution de l’air s’en trouvera d’autant réduit. Souvenons-nous du déplacement de trafic à la suite de la fermeture de la circulation sur les berges de la Rive droite.
Pour transformer Paris en terrasse géante, et la pandémie a donné un prétexte en or (voir les conditions dans lesquelles la rue de Rivoli a été interdite à la circulation automobile…), la mairie a fixé un échéancier, une concertation dite « citoyenne » jusqu’en octobre. Ensuite elle prévoit la mise en œuvre au cours du 1er semestre 2022 selon les plans qu’elle a déjà élaborés (point n’est besoin de s’en cacher). Il y a fort à parier que parallèlement les terrasses éphémères auront été pérennisées, c’est le principal but de la refonte du règlement des étalages et des terrasses traité parallèlement.
La plupart des Parisiens craignent le pire quant aux conséquences de cette opération qui peut conduire, la mairie doit en être consciente, à des situations explosives dans les quartiers impactés. L’exemple de ce qui vient de se passer dans le quartier de Stalingrad doit faire réfléchir.