De plus en plus d’articles de presse et de reportages fustigent les ralentisseurs qui ont fleuri partout en France. Les effets néfastes sont semble t-il plus nombreux que les avantages retirés de ces installations utilisées pour réduire la vitesse des véhicules. Sont dénoncés pêle-mêle, outre l’inconfort pour les conducteurs eux-mêmes, le bruit provoqué pour les riverains et les passants lors du passage des véhicules par les pneus et les suspensions accentué par le freinage et les accélérations avec une surconsommation de carburant et donc une pollution supplémentaire de l’air. Pollution atmosphérique qui selon certains tests effectués est multipliée par 4 ou 5 avec une augmentation de l’émission de particules fines de 300 à 1 00à% ! Selon l’hebdomadaire Auto Plus la France compterait 400 000 ralentisseurs dont 37% ne seraient pas conformes et donc illégaux.
L’association « Pour une mobilité sereine et durable » est partie sabre au clair contre ces structures et certaines communes ont commencé à les retirer à la suite d’actions en justice. L’association a mis au point un « kit » technico-juridique disponible gratuitement (www.pumsd.fr) comportant les textes de loi, les normes (un ralentisseur ne peut pas dépasser 10 cm de haut et sa longueur doit être comprise entre 2,5 et 4 m maximum ainsi que le modus operandi pour agir (toute action entraîne bien entendu des frais d’huissier, d’avocat, de procédure…
Les responsables de cette association ont mis aussi en lumière l’existence de ralentisseurs illégaux dont les « coussins berlinois » en caoutchouc vulcanisé non homologués et interdits qui ne prennent qu’une partie de la largeur de la chaussée, contrairement aux autres ralentisseurs dont l’emprise est plus importante. D’autres associations se sont emparées de ce dossier, il s’agit de « 40 Millions d’Automobilistes » et de la « Ligue de Défense des conducteurs« . Elles rappellent toutes que les élus sont « civilement et pénalement responsables si un accident est provoqué par une infrastructure non réglementaire« , les dommages matériels (dégradations des structures) et corporels touchent tout autant les automobilistes et leurs passagers que les cyclistes et les motards.
Evoquons aussi le rôle néfaste de ces dos d’âne pour les véhicules de secours et d’urgence transportant des blessés et des personnes malades surtout quand ils ne respectent pas les dimensions réglementaires, des dos d’âne de 25 cm de haut ont été signalés en certains lieux ! Les ralentisseurs gênent aussi la circulation des bus et accentuent les retards.
Il apparait finalement difficile de concilier réduction de vitesse et sécurité. Ce qui paraissait pourtant simple sur une voie à l’approche d’un établissement scolaire ou d’un lieu très passant par exemple risque de devenir un casse-tête, voire un risque juridique pour les élus qui abuseraient de ce dispositif. La mairie de Paris et ses services de la voierie doivent donc bien veiller à ce que ces installations soient conformes et véritablement nécessaires en évitant de répondre à des demandes intempestives de Parisiens via tel ou tel conseil ou comité théodule. Il faut au préalable instruire un dossier pour mesurer les conséquences de ce type d’installation.
Les ralentisseurs sont la moins mauvaise solution lorsqu’il s’agit de faire ralentir les conducteurs des véhicules motorisés. Un panneau « zone30 » (pas plus de 30kmh donc!) + un panneau « école » + 3 passages pour piétons dûment signalisés ne semblent pas suffisamment clairs pour faire ralentir bon nombre de conducteurs. A noter que des voitures et camionnettes de livraison sont régulièrement stationnées sur les passages pour piétons, rendant la situation encore plus accidentogène.
Il y a plus d’un an, deux ralentisseurs ont été installés en amont des passages pour piétons, aux abords de l’école polyvalente (maternelle et primaire) du 211 rue Saint-Martin. De nombreux enfants en classe primaire se rendent seuls à l’école. Des parents avec poussette y accompagnent leurs enfants. Des piétons traversent cette rue à toute heure. Le danger était donc bien réel.
Avant la pose de ces ralentisseurs les voitures, camionnettes de livraison et deux-roues motorisés empruntaient ce tronçon de rue à des vitesses très élevées, mettant en danger enfants et adultes souhaitant traverser sur les passages piétons. Depuis leur pose cette partie de rue est à peu près pacifiée et le niveau sonore y a baissé.
Cette solution a été imposée par l’incivisme et l’inconscience des conducteurs de véhicules. Une autre solution, plus coûteuse peut-être, serait la vidéo-verbalisation. Comme il n’est pas envisageable de poster un policier en permanence dans cette rue les ralentisseurs sont donc bien la moins mauvaise solution.
Article intéressant, cependant il est important de dire que les coussin berlinois ne sont pas interdit, et le CEREMA d’ailleurs confirme que c’est un produit aux normes.